CHAPITRE X
Les vacances parlementaires avaient été occupées par de laborieuses négociations avec l’Allemagne, négociations qui, à certains moments, avaient donné de graves soucis, en raison des prétentions, des exigences du parti militaire, derrière lesquelles le chancelier de fer abritait, pour les motiver, les excuser, les siennes. Ce ne fut pas sans de sérieuses difficultés que furent conduites celles relatives à la libération anticipée du territoire par le versement de l’énorme indemnité de guerre.
L’Europe assista avec une froideur, une soi-disant impartialité, à ces négociations accompagnées parfois de menaces directes, sans se rendre compte de son imprévoyance, de la grave faute par elle commise en laissant se reconstituer, au centre de l’Europe, une formidable puissance dont la prépondérance militaire et diplomatique allait bientôt se traduire en une influence économique irrésistible. Les campagnes des conservateurs pour la restauration du pouvoir temporel du pape allaient de plus en plus rapprocher l’Italie de la politique allemande, qui déjà attirait invinciblement l’empire austro-hongrois. Vainqueurs de la campagne de Bohème, vaincus de Sadowa, vaincus de Custozza et de Lissa se préparaient à l’alliance qui devait se sceller plus tard contre nous ; la Russie paraissait hostile, l’Angleterre restait silencieuse. En un mot, la France encore désemparée était condamnée à l’isolement. Elle ne perdit cependant pas courage, parmi tant de difficultés intérieures et extérieures. Le travail avait repris partout avec une activité rare.
La fin de l’année 1871, si féconde en événements douloureux, pour ainsi dire sans une éclaircie, fut plus embarrassée, plus tourmentée que jamais au point de vue parlementaire. Toutefois, on peut dire que les débats passionnés, édifiants, qui se déroulèrent, ne furent pas sans fortement contribuer à l’éducation politique du pays tout entier, en démontrant la nécessité, puisque la République existait, de l’arracher le plus tôt possible à ses pires ennemis qui en étaient les maîtres en fait.
Le 4 décembre, l’Assemblée reprit ses travaux ; elle était partie en état d’hostilité ouverte contre le chef du pouvoir exécutif, dont le message était