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avoir combattu les armes à la main, donné des ordres, participé à des exécutions, mais encore pour avoir simplement écrit des articles de journaux. Maroteau, tout jeune, devait mourir au bagne de Toulon, pour son article visant l’archevêque de Paris : « Les chiens ne se contenteront plus de regarder les évêques, ils les mordront… » ; Rochefort, dont le rôle, durant la Révolution, avait été si peu précis, devait payer de la déportation surtout ses campagnes si décisives contre l’Empire !

Nous n’avons pas le loisir de revenir sur l’œuvre terrifiante des Conseils de guerre qui fonctionnaient encore quatre années après la reprise de Paris par l’armée de Versailles, nous ne voulons simplement enregistrer que des documents éloquents, malgré leur apparente sécheresse.

Dans son rapport sur l’œuvre de la justice militaire, le général Appert constate que le nombre des arrestations opérées à la suite des événements du 18 Mars s’éleva à 38.000 parmi lesquelles 5.000 de militaires, 850 de femmes et de 650 enfants de seize ans et au-dessous ! 18.930 détenus furent mis en liberté sur ordonnance de non-lieu ; 11.070 furent déférés aux conseils de guerre.

Enfin, dans le rapport présenté par MM. Martel et Félix Voisin, le 20 décembre 1875, au nom de la mémorable Commission dite des grâces, sont relevées les condamnations contradictoires prononcées tant par les Conseils de guerre que les Cours d’assises :

Condamnations à mort 
 110
Condamnations à la déportation dans une enceinte fortifiée 
 1.197
Condamnations à la déportation simple 
 3.446
Condamnations à la détention 
 1.321
Condamnations au bannissement 
 333
Condamnations aux travaux forcés à perpétuité 
 94
Condamnations aux travaux forcés à temps 
 179
Condamnations à la réclusion 
 70
Condamnations à l’emprisonnement 
 2.670
Condamnations à l’emprisonnement dans une maison de correction 
 59
Condamnations à la surveillance de la haute police 
 417
––––––––––
Total 
 9.596


Pour compléter ce tableau, il nous faut aussi donner la funèbre liste de tous ceux qui, à la suite des sentences des conseils de guerre furent exécutés militairement, malgré la clameur de pitié qui, de toutes parts, s’éleva, surtout en faveur de Rossel et de Gaston Crémieux.

Bourgeois, Pierre, sergent au 45e infanterie (28 novembre 1871) ; Ferré, Théophile (28 novembre 1871) ; Rossel, Louis, officier du génie (28 novembre 1871) ; Crémieux Gaston, avocat (31 novembre 1871, à Marseille) ; Aubry, Charles,