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Les mesures prises par lui étaient déjà nombreuses vers la fin de l’année 1900, en ce qui touche les conditions du travail des apprentis, des enfants et des femmes ; le travail dans les ouvroirs, orphelinats, ateliers de charité ou de bienfaisance ; les conditions du travail des ouvriers adultes dans les établissements à personnel mixte ; la collaboration des travailleurs à la réforme et à l’application des lois ouvrières ; la réorganisation du Conseil supérieur du travail ; l’inspection du travail ; les contrats entre patrons et ouvriers, etc.

Sans doute, ce n’était pas là l’application du programme du parti, tel qu’il a été voté par les congrès, mais ces réformes accomplies ou en préparation n’avaient-elles pas une part d’influence heureuse sur la condition si malheureuse du prolétariat et n’étaient-elles pas pour l’encourager à s’organiser pour réaliser, par lui-même, son émancipation intégrale ?

Le 17 juillet, par un décret, le ministre du Commerce réorganisait la Bourse du Travail de Paris, la seule qui, comme la capitale du reste, fut placée hors le droit commun, sous un régime spécial. Elle avait désormais, — elle l’a perdue depuis — son autonomie administrative, par la constitution d’une commission « chargée, dans les limites liées par le décret, de l’administration générale » et « d’examiner toutes les questions relatives à son fonctionnement ».

Le plus grave reproche adressé par la presse antigouvernementale au Cabinet Waldeck-Rousseau était celui d’avoir, par le portefeuille concédé à un socialiste, donné un aliment certain au mouvement gréviste. Les grèves étaient certainement devenues de plus en plus nombreuses : une statistique du Bulletin de l’Office du travail constatait une augmentation des deux tiers environ : mais n’était-il pas naturel que les ouvriers fussent amenés à considérer que leurs revendications auraient plus de chances de réussite, un socialiste étant au pouvoir ? Ils avaient le droit d’espérer que cette condition nouvelle assurerait la neutralité des pouvoirs publics, jusqu’alors prenant toujours parti pour les patrons. Et l’accusation lancée, à cette occasion, par la presse antiministérielle était peu fondée ; les événements de Saint-Étienne et de Chalon-sur-Saône l’avaient douloureusement démontré.

Le cabinet Waldeck-Rousseau courut un grave danger, dans le courant du mois de décembre, à l’occasion d’une interpellation des députés socialistes Vaillant et Groussier « sur la nécessité d’assurer par une loi les droits de la ville de Paris méconnus par le Gouvernement ».

Vaillant et Groussier avaient déposé un ordre du jour « regrettant que, par l’annulation de certaines délibérations votées à l’unanimité par le Conseil municipal et par le Conseil général, le Gouvernement ait porté atteinte aux droits acquis de la ville de Paris et du département de la Seine » ; l’ordre du jour portait en outre qu’il était nécessaire, urgent « d’établir par une loi la Constitution municipale et les droits de la ville de Paris ». D’autre part un