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fallait s’occuper de réorganiser l’armée, de reconstituer tout le matériel de guerre et rester voué à de constantes angoisses jusqu’à ce que l’envahisseur eut évacué le sol encore occupé ; même après, puisque les deux pays qui venaient de se choquer devaient se guetter, s’observer, le doigt sur la gâchette du fusil.

Dans son ouvrage, La Gestion conservatrice et la Gestion républicaine, M. Amagat a dressé un bilan des charges auxquelles il fallut faire face après la guerre : il est utile de le reproduire :

« Tribut à payer aux Allemands 
 5.000.000.000 »
« Intérêts de ce tribut 
 301.145.078 44
« Frais des emprunts 
 275.564.203 56
« Déficit des années 1870 et 1871 
 2.762.109.591 81
« Dépenses de la guerre acquittées par les budgets postérieurs à 1871 
 103.254.600 37
« Dépenses se rapportant à l’invasion acquittées par les budgets postérieurs à 1871 
 49.471.394 71
« Déficit des années 1872-73-74, conséquence de la guerre 
 191.264.128 18
« Premier compte de liquidation 
 829.341.179 27
« Second compte de liquidation 
 1.104.161.086 01
« Dédommagement aux départements envahis non inscrits aux comptes de liquidation 
 340.531.639  »
« Canalisation de l’Est 
 89.500.000 »
« Perte de l’ancien matériel de guerre 
 369.000.000 »
« Prime des emprunts 
 1.678.167.031 46
« Dédommagement à la Compagnie de l’Est 
 100.000.000 »
« Perte matérielle de l’Alsace-Lorraine 
 1.659.750.000 »
« Pertes non réparées des départements envahis 
 400.000.000 »
« Ressources créées par les communes pour solder les dépenses de guerre 
 107.413.281 34
––––––––––––––––––––
« Total 
 15.360.673.514 13

Sans doute la bourgeoisie française trouva-t-elle dans les emprunts émis à des taux fort bas des plus-values car le crédit français reprit vite son assiette et les fonds publics s’acheminèrent rapidement vers le pair qui devait, quelques années après, permettre de fructueuses conversions, mais les impôts augmentaient dans des proportions très lourdes. En outre, la République n’offrait-elle pas à la classe possédante et dirigeante tous les moyens de garantir, en les développant, ses intérêts économiques, puisqu’en procédant avec méthode, habileté, au besoin avec énergie, elle gouvernerait elle-même,