close la session législative, tandis qu’un autre convoquait les électeurs pour le 21 août.
La campagne électorale fut on ne peut plus vive. Pour la première fois, le Parti socialiste entra en ligne avec son programme intégral, composé de la partie doctrinale dans laquelle figuraient les principes adoptés par le Congrès de Marseille, confirmés par des congrès régionaux : Expropriation de la classe possédante ; appropriation collective de tous les moyens de production ; constitution du prolétariat en parti politique de classe en vue de la conquête du pouvoir politique dans l’État et du pouvoir municipal dans la Commune ; ce programme doctrinal était suivi d’une série de réformes considérées comme immédiatement réalisables, destinées à fournir à ceux qui seraient élus comme autant de mises en demeure à présenter au Parlement. Partout où cela lui fut possible, des candidats furent posés et opposés à ceux de tous les partis. S’il mena une ardente campagne, il fut combattu avec une égale ardeur par tous les partis et surtout avec un merveilleux ensemble leur presse et leurs orateurs « donnèrent » contre lui. Rien ne lui manqua, pas plus les calomnies que les injures, les provocations et les coups. Il obtint à Paris et dans certains points de province des minorités qui, étant donné les ressources plus que modestes dont il disposait, marquaient de sensibles progrès.
Mais où la lutte fut plus que vive, violente, ce fut dans le XXe arrondissement qui était devenu pour M. Gambetta un véritable fief électoral. M. Gambetta était candidat dans les deux circonscriptions ; il tenait, en raison même de la campagne dirigée contre lui par les socialistes, l’Extrême-Gauche, par MM. Jules Ferry de Freycinet et leurs amis, à être réélu dans ce centre démocratique que, sous l’Empire, il avait appelé le « Mont Aventin de la Révolution ». La campagne électorale s’y déchaîna en tempête, particulièrement au cours de la mémorable réunion de la rue Saint-Blaise où son discours, dès l’exorde, fut accueilli, haché par de formidables clameurs. Le tribun, malgré l’avis de ses amis, avait tenu à y paraître, comptant que sa voix puissante, son éloquence brûlante, apaiseraient tous les orages et imposeraient silence aux plus déterminés. Tous ses efforts furent vains et c’est dans un mouvement de fureur, qui acheva de porter à son comble l’exaspération de l’auditoire surchauffé, qu’il traita les électeurs assemblés là d’« esclaves ivres », menaçant d’« aller chercher jusque dans leurs repaires » ses interrupteurs ; ils étaient la majorité.
C’était là déjà un grave échec pour l’homme politique que Belleville, dans un élan d’enthousiasme, avait adopté comme son représentant, après l’affaire Baudin. L’échec devait s’aggraver le jour du scrutin, car M. Gambetta, s’il était élu dans la Ire circonscription, fut mis en ballottage dans la seconde ; il se désista.
Les élections furent une nouvelle et importante victoire pour le parti républicain qui gagna environ 800.000 suffrages depuis 1877 et conquit 53 sièges