ne restait plus qu’à organiser cette République où l’esprit conservateur allait mettre son empreinte sur la Constitution.
Parmi les nombreuses anecdotes qui sertissaient les « mots » prêtés au maréchal avec une si malicieuse prodigalité, une se rapportait au vote de l’amendement Wallon, fait qui l’émut profondément : « une voix ! une voix ! » mâchonnait-il, le lendemain matin en parcourant la liste des députés qui avaient voté « pour » et, comme il atteignait la fin de cette nomenclature alphabétique, il s’arrêta naturellement au dernier nom, Volowski, et lança une exclamation : « Volowski ! Volowski !… ces b….. de Polonais n’en font jamais d’autres ! » Cependant, il se remit ; les émotions politiques, chez lui, n’étaient jamais longues ; le milieu dans lequel il vivait était trop compliqué, trop politicien, trop mêlé d’opinions, de nuances, se tiraillant, se combattant sournoisement, toujours en train d’ourdir quelque intrigue un de combiner des manœuvres parlementaires bien faites pour effarer son cerveau de soldat. Il y était toujours gêné ; il y devenait parfois gênant.
A la réflexion, toutefois, il comprit que le septennat créé pour lui, il le pensait du moins dans sa candeur, restait assuré comme durée, avec des modifications qui allaient restreindre ses pouvoirs présidentiels, mais lui donner une autorité enfin définie qu’il n’avait pas lue jusqu’à ce jour, ce dont il s’était fréquemment plaint. Il était loin de se douter que l’unique voix de majorité, pour ne représenter qu’une seule semence, allait rapidement donner une moisson inattendue par lui, mais espérée par l’ensemble du parti républicain.
Il s’agit maintenant de bâtir l’édifice constitutionnel, de l’aménager ; il portera sur son fronton le mot de République, c’est là un fait désormais acquis, mais cette enseigne sera-t-elle une réalité ou un simple trompe-l’œil ? La satisfaction des républicains se mélange d’inquiétudes ; le dépit des conservateurs n’efface pas toutes leurs espérances. L’élaboration des lois constitutionnelles laisse le champ libre à la majorité, si ses chefs peuvent lui rendre la cohésion profondément entamée.
Que seront les pouvoirs du maréchal ? le projet Ventavon les a définis ; ils sont étendus ; il aura le droit de dissoudre la Chambre des députés de sa propre et seule autorité. Mais voici un nouvel amendement de M. Wallon qui restreint ces pouvoirs ; le maréchal-président, pour dissoudre la Chambre aura besoin de l’avis conforme du Sénat et, en ce cas, ce n’est plus dans six mois mais dans trois que les collèges électoraux devront être convoqués. Après une discussion assez vive, cet amendement est adopté par 452 voix contre 346, malgré l’intervention de M. Berthauld qui, au nom des principes républicains, combat le droit de dissolution, tout en concédant qu’on le peut accorder au maréchal, mais à lui seul. Une fraction notable de la droite avait voté avec les gauches.
A dater de ce vote, ce sont les manœuvriers de droite qui reprennent la