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le cœur de tous les citoyens, n’ait point pour résultat la perte de la République et de nos libertés.

« À cet effet, il importe qu’un programme nettement déterminé, ralliant dans une pensée commune l’immense majorité des citoyens de Paris, mette fin à la confusion des esprits et à la divergence des efforts.

« Les citoyens soussignés, réunis sous la dénomination de la Ligue d’union républicaine des Droits de Paris, ont adopté le programme suivant qui leur parait exprimer les vœux de la population parisienne.

« Reconnaissance de la République.

« Reconnaissance des droits de Paris à se gouverner, à se régler par un Conseil librement élu et souverain dans la limite de ses attributions, sa police, ses finances, son assistance publique, son enseignement et l’exercice de la liberté de conscience.

« La garde de Paris exclusivement confiée à la garde nationale composée de tous les électeurs valides.

« C’est à la défense de ce programme que les membres de la Ligue veulent consacrer tous leurs efforts, et ils engagent tous les citoyens à les aider dans cette tâche, en faisant connaître leur adhésion, afin que les membres de la Ligue, forts de cette adhésion, puissent exercer une énergique action médiatrice, capable d’amener le rétablissement de la paix et de maintenir la République. »

Parallèlement à la Ligue d’Union républicaine, dans un même esprit et avec des vues identiques, se groupaient d’autres hommes venus du reste de milieux très voisins : savants, artistes, professeurs, publicistes. C’étaient : André Lefèvre, Letourneau, Louis Asseline, Coudereau, Yves Guyol, les Drs Onimus, Mercier, Bourgoin, Danion, vingt autres qui, dans une déclaration publique portant le titre d’« Équilibre républicain », formulaient ainsi leur programme : I. République indiscutable, démocratique et laïque ; II. Commune autonome librement élue, fréquemment renouvelable, expression municipale sociale et politique de la cité ; III. Fédération des communes, garantie mutuelle de leur autonomie.

C’étaient encore Ch. Pajol, professeur à la Faculté de médecine, Delasiauve, médecin des hôpitaux, qui, avec des avocats, des médecins, des ingénieurs, des peintres, écrivaient à Thiers : « Monsieur…. Vous croyez à une émeute : vous vous trouvez en face de convictions précises et généralisées. L’immense majorité de la capitale considère la République, aujourd’hui gouvernement de fait et qu’on ne pourrait changer sans une révolution, comme un droit supérieur, hors de discussion… Paris, à tort ou à raison, a vu dans toute la conduite de l’Assemblée le dessein prémédité de rétablir la monarchie, origine de nos affreux désastres. Beaucoup de citoyens ont différé d’avis sur l’opportunité d’une résistance matérielle ; mais conclure de là à un désaccord sur le mérite du régime républicain serait, de votre part, tomber dans une erreur grave. »