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et aussi aux étudiants, invités à étudier eux-mêmes un plan de réorganisation médicale. Dans le même esprit, il favorisait la Fédération des artistes, qui comptait parmi ses membres des hommes de haut talent : le peintre Gustave Courbet, le sculpteur Dalou, le dessinateur André Gill, et qui se présentait avec un programme de réformes hardies comportant la suppression du budget de l’École des Beaux-Arts, la neutralité artistique de l’État, l’établissement de fêtes publiques, le développement d’écoles communales d’art professionnel.

Comme ses collègues, en présence du désarroi général, des démissions qui se produisaient, et des dérobades plus fréquentes encore. Vaillant dut procéder à de nombreuses nominations. C’est ainsi que deux écrivains de mérite devinrent, l’un, Élie Reclus, directeur de la Bibliothèque Nationale, l’autre, Benjamin Gastineau, directeur de la Bibliothèque Mazarine.

La Commune, camp retranché de la Révolution, barricade derrière laquelle tout être humain capable de tenir et d’épauler un fusil, quel que fut son sexe et son âge, était convié à se porter, pouvait, à la rigueur, se passer d’une délégation à la Justice et d’une délégation à l’Enseignement, comme elle pouvait aussi absorber sa délégation aux Relations Extérieures dans une délégation générale de la Défense. Par contre, elle ne pouvait vivre, c’est-à-dire combattre, sans services publics fonctionnant normalement, et sans service de subsistances assuré. Nourrir, abriter, protéger ses défenseurs qui se confondaient, au demeurant, avec l’ensemble de la classe ouvrière, s’imposait donc comme une obligation essentielle.

À cet égard, la Commune accomplit à peu près le nécessaire par ses deux délégations dites des Services Publics et des Subsistances.

La Commission des Services Publics eut à réorganiser les services de voirie, d’éclairage, des eaux et des égouts, des inhumations, désorganisés comme tous autres sur ordre de Versailles, par l’exode du personnel dirigeant. Ostyn, premier délégué, vint à bout des innombrables difficultés qui surgissaient à chaque instant devant lui. Andrieu, qui lui succéda au 20 avril, s’acquitta aussi convenablement de sa mission. Andrieu, comme Ostyn, furent largement secondés, du reste, par les municipalités d’arrondissement, qui s’employèrent avec ardeur à loger dans les appartements réquisitionnés les nombreuses familles prolétaires victimes du bombardement.

La délégation aux Subsistances, gérée d’abord par Parizel, huluberlu, d’imagination extravagante échut, au 20 avril, à Viard, homme du métier, qui apporta dans son service ordre et méthode. Paris, grâce à sa diligence et à sa prévoyance, ne connut à aucun moment les privations et les affres du premier siège. Le ravitaillement s’accomplit régulièrement par la zone neutre et les denrées ne subirent même aucune élévation notoire de prix. Thiers qui avait médité d’affamer la capitale en resta pour ses frais.

La question des subsistances nous ramène à celle des Finances, Viard à Jourde. Celui-ci fut le comptable hors pair, l’administrateur probe et actif qui