par tant de liens au roi de Prusse, intervint de la sorte auprès de celui-ci. Mais lui aussi, lui surtout, il se considéra comme dégagé par la sotte demande de garanties. Qu’allaient faire l’Autriche et l’Italie ? et le traité d’alliance resté en suspens allait-il être repris ?
L’Autriche et l’Italie ne demandaient qu’à ne pas se prononcer. Il leur paraissait aussi dangereux, aussi compromettant de se ranger du côté de la France que du côté de la Prusse. Et elles s’efforcèrent, avec un empressement d’autant plus sincère qu’il était intéressé, d’apaiser les passions, de prévenir le conflit. M. de Beust, le diplomate du flirt et de l’impuissance, qui voulait bien coqueter avec la guerre mais non point s’engager à fond, s’inquiéta des espérances qu’il avait laissé entrevoir : il craignait que le gouvernement français n’y vit un encouragement à une démarche imprudente. De Vienne, il télégraphiait, le 11 juillet, à son ambassadeur à Paris, M. de Metternich, pour ramener les choses au point, peut-être même au-dessous du point. Il voulait qu’entre Paris et Vienne il n’y eut pas de malentendu. Il n’avait jamais contracté qu’un engagement : celui de ne pas conclure d’alliance sans en avoir informé le gouvernement français. « J’admettais hier, et j’admets encore, que telles circonstances peuvent se présenter où notre intérêt même nous commanderait de sortir d’une attitude de stricte neutralité, mais je me suis, là, positivement refusé à contracter sous ce rapport un engagement. J’ai revendiqué alors, comme je revendique maintenant, une entière liberté d’action pour l’empire austro-hongrois, et si j’ai maintenu avec fermeté ce point quand il s’agissait de signer un traité d’alliance, je dois moins que jamais me considérer comme ayant les mains liées aujourd’hui où un traité n’a pas été conclu.
« Cette argumentation me paraît claire et irréfutable. Je ne concevrai pas que l’Empereur Napoléon ou le duc de Gramont pût interpréter autrement ce qui s’est dit alors, et nous regarde comme engagé à une démonstration armée.
« Je vais d’ailleurs plus loin, et je dirai que, même si nous avions promis un concours national en cas de guerre entre la France et la Prusse, ce n’aurait jamais été que comme le corollaire d’une politique suivie d’un commun accord. Jamais nous n’aurions songé, et aucun État ne songerait jamais à se mettre vis-à-vis d’un autre dans une situation de dépendance telle qu’il dût prendre les armes uniquement selon le bon plaisir de l’autre. L’empereur Napoléon nous a promis de venir à notre secours si nous étions attaqués par la Prusse, mais, sans doute, il ne se croirait pas obligé d’emboîter le pas derrière nous s’il nous prend fantaisie de déclarer la guerre à la Prusse sans son assentiment ».
Au soin qu’il prend de dissiper tout malentendu possible, est-il sûr que M. de Beust n’ait rien fait pour le créer ? Pour mieux se dégager, il prend l’offensive contre la diplomatie impériale. Il déclare qu’elle est, dans tout cet incident, imprudente et provocatrice, qu’ayant raison au fond, elle se donne l’air de chercher une occasion de déclarer la guerre. Et cependant, tout en avertissant le gouvernement français qu’il n’a pas à compter sur le concours