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cabinet manque au pays, pourquoi ne lui forcerait-on pas la main en pesant sur ses déterminations ? Il y aurait là pour la majorité comme pour l’opposition un beau rôle à prendre.

« Qui s’en saisira ? Il y a un homme que son talent et son indépendance désignent pour cette grande initiative. Nous avons nommé M. Gambetta. Aura-t-il la force et la santé nécessaires ? »


MOI, JE SUIS RAVITAILLÉ !… LE RESTE M’EST ÉGAL.
D’après une lithographie de Daumier.


Seuls, je crois, ceux qui furent alors les amis intimes du grand tribun pourraient dire si un mot de lui encouragea vraiment les suggestions de la Liberté. Gambetta avait une haute idée de la France, de son rôle, de sa grandeur nécessaire. D’origine italienne, de culture romaine et classique, il était tout latin ; il ne savait rien des choses de la Germanie. Comme son congénère Blanqui, il ignorait la culture allemande, et il avait, sinon la haine, du moins la méfiance de la Prusse. Il était de ceux qui avaient vu dans Sadowa, non pas par esprit de polémique contre l’Empire, mais par profonde susceptibilité