sa méthode en termes si clairs que ceux-là seuls s’y pouvaient tromper qui le voulaient bien.
Le lendemain de ce grand et vigoureux discours, il réfutait avec force la réponse de M. Baroche : « Je vous le demande à vous, qui nous contestez la liberté, à vous qui prétendez que les bienfaits peuvent en être refusés aux nations, à qui donc, je vous le demande, confiez-vous la direction des gouvernements ? Ne la confiez-vous pas à des hommes ? Est-ce que ces hommes ont été créés d’une autre matière que nous ? Est-ce que dans la Genèse il est écrit que Dieu, après avoir créé les sujets, a créé ceux qui les gouverneraient ? Est-ce que, comme nous, ils ne sont pas exposés à l’erreur, à l’égarement, aux défaillances ? Est-ce que vous ne savez pas ce qu’il y a de terrible et de fascinateur à la fois dans la solitude de la toute-puissance ? Est-ce que vous pouvez ignorer qu’il n’y a qu’un remède à un tel mal, et que ce remède c’est la liberté ? La liberté non pas sans frein, comme vous l’avez dit, non pas la liberté absolue, mais la liberté comme l’a dit l’Empereur, dont vous avez pour mandat de nous porter la parole, la liberté sans restriction, la liberté réelle, la liberté entière, non la liberté anglaise, mais la liberté française, celle de nos pères, celle de 89, la liberté source de maux, mais aussi source intarissable de grandeur, de prospérité et de bien ! » Et il terminait par un avertissement qui ressemblait à une menace : « Si donc vous voulez qu’on croie réellement à votre force, couronnez votre édifice par la liberté, ainsi que vous l’avez promis, et cesser de nous effrayer des révolutions.
« Une révolution est un mal parce qu’elle est un désordre, parce qu’elle entraîne une interruption de travail, et surtout, parce qu’elle lance dans un terrible inconnu. Mais retenez-le bien, Messieurs, les véritables coupables d’une révolution ce ne sont pas ceux qui l’accomplissent (Bruit.) ce sont ceux qui, par leur résistance obstinée, l’ont rendue nécessaire. »
C’est bien cette politique qu’il soumettait, en 1863, aux électeurs du Var et de la Seine. C’est elle qu’il défend avec persévérance à la tribune du Corps législatif. C’est pour en prouver au peuple la fécondité qu’il accepte d’être, en 1865, malgré les vives attaques de l’opposition républicaine, le rapporteur, de la loi sur les coalitions, loi incomplète, mais qui assurait cependant à la classe ouvrière une liberté nouvelle. Or, et c’est par là que cette rapide esquisse de la politique de M. Émile Ollivier se rattache à mon objet, le maintien de la paix européenne était nécessaire à cette évolution de liberté qu’il voulait préparer dans l’Empire même. Par la guerre, par l’entrainement de la force et le prestige de la victoire, l’Empire s’écartait des voies libérales. Au contraire, dans la tranquillité de la paix, il était obligé de donner aux énergies françaises un emploi de liberté. La paix et la liberté combinées, solidaires, étaient également nécessaires à la solution du problème intérieur et du problème extérieur. Le seul moyen de maintenir la paix, condition d’un régime libéral, c’était de se prêter à la naissance des deux grandes nations, l’Italie et l’Allemagne. Mais