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librement consultés, car c’est du consentement que naît le pouvoir : quand ce consentement est pur de toute espèce de violence, il est la source légitime de l’autorité ; et c’est le système, le principe que la France doit chercher à faire prévaloir dans toutes ses relations avec les nations voisines. (Très bien ! à la gauche de l’orateur.)

« Cela étant, est-ce que nous pouvons dire que les grands événements qui se sont accomplis en Allemagne et qui participent à la fois et du principe de la souveraineté nationale et de ce système dangereux et funeste auquel je donnais le nom de système des nationalités, pris dans le mauvais sens, bien entendu, est-ce que nous pouvons dire que ces grands événements se sont accomplis sans notre participation ! Il y a quelques jours, Messieurs, je vous disais qu’ils se présentaient à nous avec une telle force et une telle autorité qu’il fallait les accepter. C’est la raison du fait ; mais il y en a une autre supérieure, c’est celle du droit. Nous pouvons dire que nous avons fait l’indépendance de l’Italie, mais nous pouvons dire, avec la même justesse, que nous avons contribué, et dans une notable mesure, à l’unité de l’Allemagne. Non seulement, quand elle n’était point encore faite, son éventualité ne nous a pas alarmés ; mais nous l’avons provoquée, désirée, appelée de tous nos vœux ; et au nom de quel principe ? Précisément au nom de ce principe de la souveraineté nationale qui s’affirme par le libre consentement des populations, se cherchant, s’unissant, non pas dans le sang et les larmes de la guerre, mais dans le libre échange d’un commerce pacifique de négociations qui doivent conduire à se faire réciproquement entendre et à appeler le commun accord qui peut les transformer. Voilà quelle était, en 1859, c’est-à-dire à une époque où les événements qui se sont accomplis étaient certainement en dehors de toutes les prévisions humaines, voilà quelle était la politique de la France, nettement accentuée dans les documents officiels.

« Je pourrais étaler un grand nombre de documents à cette tribune ; j’abuserais de votre patience ; mais ils ne nuiraient pas à la force de ma démonstration qui m’apparaît avec la clarté de l’évidence. Cependant, pour n’en citer que quelques-uns, laissez-moi vous lire un article du Moniteur, c’est-à-dire la voix de l’Empereur même, car le Moniteur est l’expression du pouvoir personnel, un article publié en 1859 sur cette question, alors que nous étions agités par cette grande éventualité de la guerre d’Italie qui se présentait à nous comme une nécessité patriotique à laquelle nous avons glorieusement satisfait.

« Voici, en ce qui concerne l’Allemagne, comment s’exprimait le gouvernement. Vous allez voir que son langage était parfaitement net :

« Quand on ne veut que la justice on ne craint pas la lumière. Le gouvernement français n’a rien à cacher, parce qu’il est sûr de n’avoir rien à désavouer. L’attitude qu’il a prise dans la question italienne, loin d’autoriser les défiances de l’esprit germanique, doit au contraire lui inspirer la plus grande sécurité. La France ne saurait attaquer en Allemagne ce qu’elle