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2" Les arrangements pris jusqu’alors avec les différentes Compagnies donnant naissance a des difficultés de toutes sortes, le gouvernement établit un système uniforme, permettant de donner une garantie d’intérêts aux Compagnies dont le crédit était incertain. L’État garantit un intérêt minimum de 4 0/0 pendant la moitié de la durée de la concession.

3° L’État chercha à diminuer les frais de construction et d’exploitation par la création de réseaux, qui, en même temps, compenseraient les déficits des mauvaises lignes avec les bénéfices de lignes plus productives. Dans ce but, il fallait former de grandes Compagnies, capables de développer méthodiquement le trafic intérieur des chemins de fer et d’entrer en relations avec les Compagnies étrangères.

Tels furent les principes de la politique impériale en matière de chemins de fer. Ils portèrent rapidement leurs fruits. Par une série de concessions et de fusions, les grandes Compagnies se constituèrent. Celles du Nord, d’Orléans, de Paris-Lyon et de Lyon-Méditerranée, existaient en 1852 ; en 1853, furent créés le Midi et le Grand Central (ce dernier disparut en 1857) ; en 1854, la Compagnie de l’Est ; en 1855, celle de l’Ouest. En 1858, à la suite de la fusion du Paris-Lyon et du Lyon-Méditerranée, les six grands réseaux actuels étaient constitués. A la fin de 1858, l’ensemble du réseau ferré français était de 16 207 kilomètres. Et telle était la confiance des entrepreneurs qu’en 1857, l’État avait pu concéder 2 586 kilomètres sans promettre ni subvention, ni garantie d’intérêt. Mais la légère crise de 1857 et les embarras des concessionnaires firent que la garantie d’intérêt de 4 0/0, déjà assurée à beaucoup, devint la règle générale.

Sans innover vraiment en politique de chemins de fer, tout en maintenant le principe de la loi de 1842, la collaboration de l’État et des capitaux privés, le gouvernement, par la confiance qu’il donnait aux capitaux, complétait méthodiquement le réseau de nos voies ferrées.

Sans doute alors, guidé par une idée fausse, il négligeait au profit des chemins de fer la navigation fluviale et s’occupait moins des routes. Mais il régularisait et perfectionnait le service de la poste et l’emploi du télégraphe ; en 1855, Mende était pourvu du télégraphe électrique, et c’était la seule préfecture qui ne fût pas encore reliée à la capitale.

Pourvue de capitaux, aidée par la facilité nouvelle des moyens de communication, l’industrie allait pouvoir se développer. Le gouvernement lui prodiguait ses faveurs. La loi sur les brevets d’invention était amendée (31 mai 1856) ; les contestations entre associés étaient remises à la juridiction consulaire (17 juillet 1856) ; la liquidation de la faillite était facilitée au moyen du concordat. Et de même, les formalités concernant la circulation des warrants furent simplifiées (1858). Enfin le Second Empire rendit la liberté aux deux professions qui se trouvaient encore assujetties à des règles étroites : la boulangerie et la boucherie. Le souvenir des anciennes disettes avait amené, on le sait, le gouvernement du Consulat à placer ces