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« La guerre, s’écriaient-ils dans leur manifeste, c’est le réveil des instincts sauvages et des haines nationales.

« La guerre, c’est le moyen détourné des gouvernements pour étouffer les libertés publiques.

« La guerre, c’est l’anéantissement de la richesse générale, œuvre de nos labeurs quotidiens ».

La guerre, une fois encore, comme à l’époque même de la révolution bourgeoise, comme en 1792, allait briser l’effort d’émancipation ouvrière. Elle allait encore anéantir, et pour de longues années, l’œuvre d’éducation entreprise par les socialistes ; elle allait étouffer sous le poids des sentiments nationaux et patriotiques l’exacte conception du mouvement révolutionnaire ; elle allait enfin entraver ou briser, dans le mouvement prématuré et fatalement confus de la Commune les quelques hommes capables de diriger vers un but clairement conçu l’action ouvrière. Comme le disait, plus tard, l’un d’eux, Albert Richard, ils furent pris comme dans un traquenard par toutes ces forces nouvelles et obscures, que la guerre suscita.

Jaurès va dire maintenant la lutte franco-allemande, ses origines, son développement, son influence sur le mouvement socialiste. C’est avec le temps de la propagande heureuse, régulière et féconde que se termine notre étude.

Puissent les camarades qui nous liront avoir eux aussi l’impression que ce temps-là demeure plein d’enseignements. Mais le dernier peut-être reste le plus terrible et le plus actuel. C’est dans la paix seulement, dans la paix, voulue et maintenue par le prolétariat averti, que la révolution socialiste pourra demain se développer.