dévouement à la grandeur de l’Église, satisfaire les républicains par sa politique des nationalités, par l’aide apportée aux peuples opprimés. La question romaine faisait apparaître tout ce qu’il y avait d’inconciliable dans cette double politique. La Révolution voulait prendre Rome, symbole de l’unité et de la grandeur italienne. Le catholicisme voulait garder Rome, symbole de sa puissance temporelle, gage de sa domination.
Tous les publicistes catholiques réclamaient une croisade, réclamaient l’intervention active des troupes laissées au pape. Et au même moment les démocrates reprochaient au gouvernement de n’avoir pas donné a l’Italie sa capitale. L’Empereur, hésitant, n’osait point rappeler les troupes françaises ; mais il ne pouvait se résigner à les faire servir à la défense du pape.
La voix grandissante des partis annonçait du même coup l’échec de la politique intérieure de Napoléon.
Qu’avait-il voulu, en effet ? Il s’était proposé d’établir son pouvoir et sa dynastie, sur les ruines des anciens partis. Il s’était proposé de donner des satisfactions matérielles ou glorieuses à tous les Français. Et voici que les premières tentatives pour réaliser ces idées avaient tourné tout le monde contre lui. Il avait voulu exploiter dans son intérêt personnel les passions des partis adverses : et voici que ces passions se retournaient toutes contre lui, pour lui reprocher l’échec d’une politique d’ailleurs contradictoire en son fond. Qu’il persévérât, et la France allait être bientôt unanime contre lui.
Or, au même moment, par une autre initiative de sa politique personnelle, il tournait précisément contre lui un grand nombre de ces industriels, de ces commerçants, de ces hommes d’affaires, en un mot, dont il avait fait depuis 1852 les législateurs du régime. Il venait, en effet, de conclure le traité de commerce de 1860, de faire un pas décisif, vers la substitution d’un régime de libre-échange au régime protectionniste.
Il est indéniable, qu’en cela, il vit juste. Les statistiques ultérieures lui ont donné raison : le commerce et l’industrie français, loin d’avoir souffert du régime libre-échangiste, lui ont dû en partie leur développement. Quand, en 1870, au moment de l’échéance du traité de 1860, conclu pour dix ans, avec clause de tacite reconduction, les protectionnistes réclamèrent encore sa dénonciation, le Corps législatif ne put leur donner raison.
Mais il n’en est pas moins vrai que tous les efforts de l’Empereur pour inaugurer cette politique allaient contre les conceptions traditionnelles des industriels français, qui, depuis la Restauration, s’étaient accoutumes à voir, à tort ou à raison, dans le protectionnisme, une des causes de leur fortune, et qui, peu sensibles aux raisons générales de rapprochement des peuples ou d’utilisation rationnelle et complète des ressources du pays, se préoccupaient uniquement d’échapper à la concurrence étrangère sur le marché national.
Napoléon III, instruit par l’expérience anglaise, était persuadé que la