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Un Allemand répondit, en français, à la chanson de Musset :

Nous l’avons eu — mot de misère.
Nous l’aurions — grand mot des sots !
Nous l’aurons — ne console guère !
Nous l’avons — c’est le mot des mots.

L’effervescence, cependant, tomba, ou plutôt s’évapora en chansons. D’ailleurs, la crise avait été dénouée par l’intervention active de l’Angleterre en Syrie, où ses agents avaient débauché à prix d’or les chefs montagnards du Liban. Il suffit de l’apparition d’une flotte anglaise devant Beyrouth pour les soulever contre Ibrahim. Le 3 octobre, les Anglais occupaient Beyrouth, tandis qu’un firman de la Porte proclamait la déchéance de Méhémet-Ali.

Thiers, alors, adressa, le 8 octobre, une note aux puissances, déclarant que la France n’accepterait pas que Méhémet fût dépossédé de l’Égypte. C’était, en somme, adhérer au traité du 15 juillet. Mais le gouvernement français n’était pas en état de faire autrement. D’une part, à mesure que l’effervescence tombait, le désir de paix à tout prix du roi se manifestait plus énergiquement dans le conseil. D’autre part, comment réclamer la possession de la Syrie pour Méhémet-Ali, alors que celui-ci était en train de la perdre, sinon du fait de l’intervention militaire de l’Angleterre, mais par le soulèvement de cette province contre lui.

Saint-Jean-d’Acre fut enlevé à Ibrahim, et son père le rappela en Égypte. La Syrie n’était plus en question désormais. Ce fut pour Louis-Philippe le moment de reprendre l’avantage sur son « petit ministre » et de sauver la face du même coup. Les Chambres allaient rentrer le 28 octobre. Le 20, Thiers présentait au roi un projet de discours de la couronne encore tout vibrant de l’émotion patriotique qui avait soulevé la France pendant trois mois. Louis-Philippe en jugea les termes inacceptables.

Enchanté de sortir d’un mauvais pas, car il savait que nul à présent ne désirait sincèrement la guerre, mais qu’on voudrait mal de mort au cabinet qui céderait à la pression de l’Europe, Thiers offrit sa démission. Le roi l’accepta sans barguigner, un nouveau ministère lui rendant plus facile une réconciliation avec les puissances que celui qui venait de parler si haut et de faire si ouvertement des préparatifs militaires.

Le 29 octobre, le maréchal Soult prenait la présidence du Conseil, avec Guizot comme ministre des Affaires étrangères. Il réussit, grâce à la rivalité des quatre puissances, malgré la vive opposition de lord Ponsonby, à conserver à Méhémet-Ali la possession héréditaire de l’Égypte et à la faire ratifier par le sultan.

Le 15, un nouvel attentat avait mis la vie du roi en péril. Un frotteur, nommé Darmès, avait tiré sur lui, d’un coin du jardin des Tuileries. Le ministère de réaction, qui allait durer sept ans et conduire Louis-Philippe à l’exil,