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majestés fainéantes de cheminer au pas des bœufs, mais parce qu’ils espéraient un retour de la fortune, un miracle que Dieu devait bien à leur zèle pour la religion, qui leur permettrait de reprendre la route de Paris. Mais, selon son habitude, Dieu fut avec les plus forts.

Deux traits seulement à noter dans ce voyage de la vieille monarchie vers l’exil, et qui montrent avec quelle futilité enfantine Charles X et sa suite s’attachaient à de vaines apparences. On avait installé le duc de Bordeaux dans la voiture royale magnifiquement dorée, tandis que son grand-père suivait dans une voiture simple et à armoiries effacées. Pour raviver la foi monarchique des passants, on faisait arrêter les voitures de place en place, dit le Globe du 16 août, et « alors les enfants jouaient leur rôle, envoyant au peuple force baisers et force saluts ».

Révolution de 1830 (3 aout). — Départ pour Rambouillet
(D’après un document de la Bibliothèque nationale.)


À Laigle se présenta un grave problème d’étiquette. On n’avait, nous apprend Odilon Barrot, trouvé que des tables rondes. Faire s’asseoir le roi à une table ronde, impossible d’y songer, tous les convives y étant au même rang. Les commissaires suggérèrent de scier la table ronde, et, gravement, ce qui restait de cour auprès de ces trois générations royales en fuite fit scier en carré une table ronde. Et le roi put dîner.