enseignement et le projet retiré l’eût été pour toujours. Mais l’esprit cauteleux de de Villèle et l’esprit brutalement hardi de M. de Peyronnet, hommes d’expédients plus qu’hommes de principes, en avait autrement décidé. Et même ils allaient, comme pour accroître les difficultés que les événements accumulèrent, procéder à la dissolution de la garde nationale, et porter ainsi, sur la tête d’une milice civique qui se confondait avec la population, un défi définitif à toute la ville.
Le roi, le 12 avril 1827, quelques jours avant que le projet fût retiré, avait approché de près la garde nationale qui, ce jour-là, jour anniversaire de sa rentrée à Paris, prenait par exception la garde aux Tuileries. Il en avait reçu des marques de respect, chacun croyant qu’il était un prince débonnaire, mais bien intentionné, que ses ministres trahissaient en le conduisant à une politique mauvaise. Touchante candeur de la population et qui prouve qu’avec un peu d’habileté un roi aurait pu étayer sur elle une popularité sinon durable, au moins sérieuse ! Le roi, tout heureux de ces marques de respect, promit de passer en revue toute la garde nationale et fixa au dernier dimanche d’avril cette cérémonie militaire.
Mais les ministres veillaient : précisément on retirait le projet de loi de la Chambre des pairs et les manifestations ardentes auxquelles donna lieu à Paris et à Lyon ce retrait blessèrent des gouvernants trop disposés à rechercher une revanche politique à des défaites personnelles. Qu’allait faire le roi au milieu de ce peuple hostile à ses ministres et qui l’avait montré ? La revue eut lieu : les cris de « Vive la charte ! vive la liberté de la presse ! » égalèrent les cris de « Vive le roi ! » et le front de Charles X se rembrunit. Mais la revue finie et la dislocation ayant eu lieu, ce fut une autre manifestation : ces bataillons traversaient les rues de Paris, la rue de Rivoli, en acclamant la liberté et en criant : « À bas les ministres ! » C’en était trop. Le conseil se réunit et l’ordonnance de dissolution de la garde nationale vint ajouter à l’impopularité de ce ministère précaire. On peut, certes, trouver qu’il était impossible à un gouvernement de laisser une troupe en armes juger violemment ses actes, tandis qu’elle était en service commandé. Soit, mais gouverner, c’est prévoir. Et la moindre clairvoyance, en l’état des esprits, eût prévu qu’un rassemblement aussi formidable (il y eut à la revue 300 000 spectateurs) était susceptible de donner lieu à une manifestation. Mais, frappés de folie, les ministres ne recherchaient-ils pas cette manifestation pour en déduire des actes de rigueur nouvelle ? On le peut croire.
La session de 1827 allait être close (22 juin). Des rumeurs circulaient sur les actes de violence que préparaient les ministres. Ceux-ci étaient muets. Mais leur silence masquait des coups de force. On le vit dès que la Chambre fut partie. Une simple ordonnance rétablissait la censure en matière de presse. Et, peu attentif aux colères que cet acte engendrait, le ministère travaillait à une autre mesure. Il regardait l’horizon, interrogeant