tort que Grégoire avait été régicide ; en mission dans le département du Mont-Blanc, qu’il annexait à la France, au moment du procès du roi, il avait écrit, se prononçant en faveur de la condamnation et non de la peine. Mais c’était un prêtre assermenté, et, de plus, il avait, le 21 septembre 1792, proposé l’abolition de la royauté ! Voilà l’élu de la droite extrême. À Paris, la colère fut très vive. Le Moniteur refusa d’insérer le nom de l’élu, et le comte Decazes, atterré, abandonné de M. de Serre, qui soignait dans le Midi un mal incurable, n’eut qu’une attitude humiliée devant la cour, ou le comte d’Artois triomphait des excès mêmes qu’il avait préparés.
De ce jour, M. Decazes eut peur de son œuvre et de lui-même ; il voulut revenir, pour la reviser, sur la loi électorale dont le maintien avait été toute sa politique. Le cabinet était perdu par son chef. Quand un gouvernement se renie lui-même, en effet, il dégrade ses propres actes, il est à la merci du Parlement.
De plus en plus troublé, M. Decazes aborda au Conseil la question brûlante. N’était-il pas bon de reviser la loi électorale ? C’était vraiment bien la peine d’avoir rendu impossible le gouvernement à M. de Richelieu et de l’avoir écarté parce qu’il ne voulait plus de la loi, pour la déchirer après son départ ! Gouvion Saint-Cyr, M. Louis et le général Dessolles résistent et préfèrent remettre leur portefeuille, que, gêné par leur attitude, M. Decazes prit avec plaisir. En leur place il installa à la Guerre, le général Latour-Maubourg, aux Affaires étrangères, M. Pasquier et M. Roy aux Finances. C’était le 14 novembre.
Le 29 novembre, la session s’ouvrit et la validation de Grégoire fut mise à l’ordre du jour. Qu’il fût exclu, cela, dès le premier moment, fut certain. Mais serait-il exclu comme indigne ou comme illégalement élu ? L’illégalité était flagrante, Grégoire ne payant pas un centime d’impôts dans l’Isère. Cela eût pu suffire. M. Lainé réclama l’exclusion pour indignité. Benjamin Constant fit remarquer que les royalistes étaient devenus bien délicats. Le roi n’avait-il pas confié un ministère, puis une ambassade, au régicide Fouché ? M. Pasquier répliqua que ce que le roi pouvait faire, un collège électoral ne le pouvait, et c’était une réponse puérile, car il s’agissait surtout d’une question morale, et si Fouché n’avait pas déshonoré le cabinet par sa présence, ce n’était pas Grégoire qui pouvait déshonorer la Chambre en s’y tenant.
Sans qu’on se prononçât sur le caractère de l’exclusion, celle-ci fut votée, chacun ayant le droit de mettre dans son vote le sentiment de sa conscience. C’est avec l’approbation de M. Ravez, président, que ce compromis parlementaire fut accepté. M. Ravez se connaissait en dignité et en honneur, lui qui avait déserté la défense des frères Faucher, par crainte de l’opinion.
On attendait chaque jour une proposition du gouvernement touchant