« Le second concerne les salaires :
« Journaliers nourris. — À la ville : en 1789, 0 fr. 75 ; en l’an IX, 1 fr. 25.
« À la campagne : en 1789, 0 fr. 40 ; en l’an IX, 0 fr. 60.
« Journaliers se nourrissant. — À la ville : en 1789, 1 fr. 75 ; en l’an IX, 2 francs.
« À la campagne : en 1789, 1 franc ; en l’an IX, 1 fr. 20 »
D’où il résulte que les salaires, en l’an IX, sont inférieurs à la somme jugée nécessaire par le préfet pour l’existence quotidienne des journaliers se nourrissant eux-mêmes.
À noter, en passant, la hausse considérable du taux de l’argent qui, en 1789, rapporte 5 %, et en l’an IX produit un intérêt de 10 %.
La situation est à peu près la même dans le Doubs, où M. le préfet Debry donne les chiffres suivants :
« Nourri à la ville : en 1789, 0 fr. 75 ; en l’an IX, 1 fr. 25.
« Nourri à la campagne : en 1789, 0 fr. 50 ; en l’an IX, 1 franc.
« Sans nourriture, à la ville : en 1789, 1 fr. 25 ; en l’an IX, 2 francs.
« Sans nourriture, à la campagne : en 1789, 1 franc ; en l’an IX, 1 fr. 50.
« Mâles : en 1789, 90 francs ; en l’an IX, 150 francs.
« Femelles : en 1789, 40 francs ; en l’an IX, 60 francs.
« Intérêt de l’argent : en 1789, 5 % ; en l’an IX, 10 %. »
M. Marquis, préfet de la Meurthe, se félicite, en homme de sens, d’une amélioration sensible obtenue depuis la Révolution, en ce qui concerne le travail des enfants.
« Aux environs des manufactures, dit-il, on commence à tirer quelque parti des enfants vers neuf ou dix ans ; dans les verreries et les papeteries, c’est le moment où commence l’apprentissage ; ils peuvent déjà colorer les toiles dans les manufactures d’impression, et on les emploie à la filature dans les fabriques de laine et de coton.
« Les habitants des villes qui destinent leurs enfants à des métiers, les retirent ordinairement des écoles vers 12 ans au plus tôt et à 14 ans au plus tard, pour les mettre en apprentissage ; ils y restent communément trois ans.
« Toutes les remarques précédentes s’appliquent spécialement aux garçons. Quant aux filles, elles ne sont occupées, dans les campagnes, qu’aux soins du ménage, et proportionnellement à leurs forces ; dans les villes, on leur apprend de bonne heure à faire des ouvrages à l’aiguille propres à leur sexe, et elles sont plus tôt utiles à leur familles que les garçons.