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époque, la « Société pour l’Encouragement de l’Industrie nationale », fondée en 1802, à l’instar d’une société analogue née en Angleterre dès 1756.

Cette société devait rester indépendante du Gouvernement, mais se joindre à lui pour développer le progrès industriel et agricole. Son but et ses moyens d’action étaient les suivants :

1° Recueillir de toutes parts les découvertes et inventions utiles aux progrès des arts ;

2° Distribuer chaque année des encouragements, soit par des prix, soit par des gratifications, soit par des abonnements aux publications qui répandraient l’application de nouveaux procédés ;

3° Propager l’instruction, soit en donnant une grande publicité aux découvertes utiles, soit en faisant composer des manuels sur les diverses parties des arts, soit en provoquant des réunions où les lumières de la théorie viendraient s’associer aux résultats de la pratique, soit en faisant exécuter à ses frais et distribuer dans le public, et spécialement dans ateliers, les machines et instruments qui mériteraient d’être connus et qui risqueraient de demeurer ignorés, sans l’intervention active de la Société ;

4° Diriger certains essais et expériences pour constater l’utilité des procédés dont il y aurait lieu d’espérer de grands avantages ;

5° Secourir les artistes distingués ;

6° Rapprocher tous ceux qui, par leur état, leurs goûts, leurs lumières, prenaient intérêt aux progrès des arts ou pouvaient efficacement y concourir ;

7° Devenir le centre d’institutions semblables dans les principales villes manufacturières de France.

Il est tout à fait inutile d’insister sur la portée d’un tel programme, sur les conséquences que ne pouvait manquer d’avoir une impulsion donnée, et intelligemment, sous les auspices de Chaptal, qu’assistaient en cette tâche Berthollet, Bosc, Fourcroy, François de Neufchâteau, Mérimée, Monge, Montgolfier, Prony et Vauquelin.

Cette impulsion se manifeste avec évidence et peut se mesurer à l’extraordinaire progrès réalisé en quelques années, entre l’Exposition de 1802 et celle de 1806 : en cette dernière, nous allons immédiatement trouver le bilan industriel de cette période de transformation si rapide.

1 422 exposants appartenant à 104 départements apportaient leurs produits sous les portiques de la place de et parmi eux les plus illustres, Oberkampf qui, avec un capital de 600 fr., s’était établi à l’âge de 21 ans dans une chaumière de la vallée de Jouy où il avait entrepris ses essais, se chargeant seul du dessin, de la gravure, de l’impression et de la teinture de ses toiles. Bientôt, ses étoffes connues sous le nom d’indiennes avaient conquis la mode et son établissement avait pris une extension prodigieuse.

Il fut comblé de faveurs, parmi lesquelles compta sans doute pour l’industriel, ce mot de Napoléon, en une minute de clairvoyance : « C’est dans