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démontre triomphalement que le nombre des prévaricateurs est très suffisant pour assurer aux contrebandiers un appréciable bénéfice.

M. Collin, l’administrateur des douanes, se scandalise fort de cette argumentation et proteste. La scène devient alors vraiment amusante.

« — Vous défendez vos employés avec raison, lui dit l’empereur, car, du moment où vous doutez, ils ne le seraient plus ; cependant MM. Richard et Lenoir peuvent avoir des documents plus positifs que les vôtres.

(D’après une estampe de la Bibliothèque Nationale.)

« Et il souriait en nous regardant.

« — Sa Majesté n’a point oublié que nous étions contrebandiers avant de nous faire fabricants, répondis-je, et nous savons positivement comment se traitent ces sortes d’affaires ; une fois les lignes franchies, toute marchandise est censée avoir acquitté les droits et peut se vendre publiquement ; comment retrouver alors la trace de la fraude ?

« — Pour moi, messieurs, je partage entièrement votre opinion ; la prohibition serait plus protectrice qu’un droit, quel qu’il soit ; car une maison qui jouit d’une grande confiance et qui se respecte ne fera plus de contrebande, puisque l’on pourra toujours saisir les marchandises étrangères ;