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d’État. Il ne s’agit plus que de composer cette section de manière à dissiper toutes les craintes que l’administration peut concevoir dans la réunion de négociants appelés à délibérer sur des objets qui tiennent de si près à leurs intérêts individuels. Votre Majesté ne croira sans doute pas convenable d’appeler au Conseil d’État des hommes qui soient encore en activité de commerce, car lors même qu’ils porteraient dans leurs fonctions et leur conduite cette réserve et cette délicatesse qui tiennent à l’honneur, on ne manquerait pas de les accuser de spéculer d’après les projets ou la pensée du gouvernement, on les flétrirait dans l’opinion, et les mesures les plus salutaires proposées par votre conseil paraîtraient toujours se rattacher à des spéculations ou à des vues d’intérêt privé. Je pense donc que vous ne devez admettre dans votre conseil que des commerçants distingués par de grands talents comme par des entreprises bien combinées, et vieillis dans une réputation de probité, de loyauté et de bonne conduite. Je pense que dans le nombre des hommes de cette trempe, vous devez, de préférence, fixer votre choix sur ceux qui, après avoir parcouru une honorable carrière, se sont retirés des affaires. C’est le seul moyen d’éclairer le Conseil d’État des leçons de l’expérience sans courir le danger des spéculations ni des suggestions perfides de l’intérêt privé. Si Votre Majesté se décide pour quelque négociant en activité, je croirais prudent d’exiger renonciation absolue de toute affaire de commerce. Pour que la section présente tous les avantages que Sa Majesté peut désirer, il est nécessaire d’y réunir les hommes les plus marquants dans les divers genres de commerce : ainsi le commerce des colonies de l’Inde et de la Chine, le commerce de nos fabriques supposent et exigent des connaissances bien différentes, et, pour former un bon conseil sur tous ces objets, il faut prendre des hommes qui se soient distingués dans chacune de ces carrières. Ce sont là les principes qui m’ont guidé pour former le tableau que j’ai l’honneur de soumettre à Votre Majesté :

Candidats pour la section de commerce dans le Conseil d’État.

Vignon. — Président du tribunal de Commerce de Paris. Un des rédacteurs du code de commerce. Très versé dans la juridiction commerciale. Retiré des affaires. Riche.

Bertrand. — Ancien directeur de la Compagnie d’Afrique… connaissant surtout très bien le commerce maritime. Écrivant et rédigeant avec grâce (sic), pureté et facilité. Retiré des affaires. Aujourd’hui secrétaire général du Conseil de commerce. Peu riche.

Biderman. — Ancien banquier très versé dans le commerce de l’Inde.

Pernon. — Fabriquant de Lyon… Ayant beaucoup voyagé et bien vu… Actuellement tribun.

De la Ville. — Négociant de Nantes… Un des hommes les plus in-