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ne peut y déposer les vases provenant du curage. Il serait nécessaire de faire faire une banquette sur chaque rive d’au moins 1m,32 de large.

8° Le redressement et le déblaiement des rues projetées dans les Champs-Élysées, lesquelles sont encombrées par les graviers déchargés furtivement.

9° Le remblai d’un trou fort considérable sur le boulevard extramuros entre les barrières Sainte-Anne et Cadet.

10° Suivant un rapport remis dernièrement, une tranchée à faire sur le chemin de ronde extramuros, près la barrière Franciade, pour découvrir un conduit souterrain présumé.

11° Le dressement d’une partie du chemin de ronde entre les barrières Franciade et Sainte-Anne.

12° Le déblai de la rue Sainte-Anne, à prendre dès la barrière jusqu’au premier pavé sur une longueur d’environ 706 mètres.

13° Le déblai de la rue de Courcelles, près Saint-Philippe du Roule, dans une étendue assez considérable.


Un grand intérêt s’attache pour nous à l’existence de ces ateliers nationaux, à leur formation, à leur régime. Laplace n’y voit qu’une œuvre philanthropique ; Bonaparte y devinait une nécessité sociale, mais tenait à ce que les ouvriers n’y pussent voir qu’un bienfait émanant de lui, et les ouvriers, passifs ou enthousiastes, l’acceptèrent comme tel.

Lorsque, en 1848, on congédiera les ouvriers des ateliers nationaux, la révolution grondera, et c’est dans le sang des journées de juin qu’on tentera de noyer les justes aspirations de la classe ouvrière. En l’an VIII, on dit simplement aux ouvriers : « Il faut qu’une partie d’entre vous nous rende pioche, bêche ou marteau », et il est fait ainsi sans murmure. Le droit des ouvriers au travail, l’obligation où est la communauté d’assurer à ses membres leur subsistance, non par la distribution d’aumônes ou de rentes, mais par l’utilisation rationnelle de leur énergie et de leur aptitude au travail, voilà certes des conceptions auxquelles ne songeaient ni Bonaparte ni le prolétariat parisien. Le gouvernement consulaire esquissait une mesure socialiste d’apparence, mais sous la seule poussée de la crainte, car il ne fallait pas, à un moment où le régime changeait, laisser trop d’ouvriers inactifs, et cette mesure restait soumise à son bon plaisir, elle était « le fait du prince » et les ouvriers n’avaient pas une éducation sociale suffisante pour la recevoir autrement que comme une mesure gracieuse.

La loi du 22 germinal an XI[1] et l’arrêté du 9 frimaire an XII[2] montrent essentiellement l’opinion que Bonaparte avait des ouvriers et de la façon dont il concevait les rapports entre le patronat et la classe ouvrière. La loi de germinal an XI est fondamentale. Intervenant dans un temps de liberté

  1. Archives nationales. AFiv, plaq. 507, n° 47.
  2. Archives nationales, AFiv, plaq. 62, n° 33.