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du nationalisme ! Dans un sentiment opposé, l’administration municipale de Nancy, nous apprend le Moniteur du 13 prairial (1er juin 1799), avait cru devoir consigner au quartier les officiers et soldats autrichiens prisonniers de guerre ; ayant été instruit par elle de cette mesure, le ministre de la guerre lui avait répondu, le 5 prairial (24 mai), en l’invitant « à en user comme par le passé vis-à-vis de ces étrangers, c’est-à-dire à allier la plus stricte surveillance aux procédés que réclament le malheur et l’humanité ». Une telle lettre fait honneur à son signataire Milet-Mureau.

§ 4. — Terrible assaut des coalisés.

Quelles étaient, au début de la campagne, les positions occupées de part et d’autre ? Le Directoire avait six armées disséminées sur une ligne s’étendant du Helder au Vésuve. L’armée de Hollande, 11 177 hommes (Revue d’histoire rédigée à l’état-major de l’armée, décembre 1903, p. 584), était commandée par Brune depuis frimaire fin de novembre 1798). L’armée dite de Mayence, qui comprenait (chap. xvii, fin du § 1er) depuis le 9 pluviôse an VI (28 janvier 1798) toutes nos forces sur le Rhin, mise, le 23 vendémiaire an VII (14 octobre 1798), sous les ordres de Jourdan, fut bientôt divisée de nouveau en deux parties : l’une, dite armée d’observation, 28 304 hommes (Idem, p. 584), confiée le 12 pluviôse an VII (31 janvier 1799) à Bernadotte, l’autre, dite armée du Danube, comptant 39 347 hommes (Idem) sous l’action immédiate de Jourdan. Le commandement de la quatrième armée, celle d’Helvétie, 26 339 hommes (Idem), restait (chap. xvi, § 2) entre les mains de Masséna, (qu’un arrêté du 12 ventôse an VII (2 mars 1799) maintint, ainsi que Bernadotte, sous la subordination de Jourdan. Le 3 ventôse an VII (21 février 1799), Scherer, nommé général en chef des armées d’Italie et de Naples, quittait le ministère de la guerre, où Milet-Mureau lui succédait ; il devait, avec l’aide de Moreau en remplacement de Joubert démissionnaire, mener directement les opérations de l’armée d’Italie proprement dite, comprenant 60 901 hommes (Idem, p. 584), plus 37 641 immobilisés dans les garnisons du Piémont et des Républiques cisalpine et ligurienne (Idem, p. 584) ; les 25 870 hommes de l’armée de Naples (Idem) eurent à leur tête, à partir de ventôse an VII, (mars 1799), Macdonald substitué à Championnet, disgracié à la suite d’un différend avec le commissaire civil du Directoire Faipoult et traduit, par arrêté du 7 ventôse (25 février), devant un conseil de guerre.

Au milieu de mars, l’Autriche possédait trois armées bien organisées, l’une de 78 000 hommes, derrière le Lech, en Bavière, dirigée par l’archiduc Charles qui avait, en outre, sous ses ordres, un corps de 26 000 hommes commandé par Hotze et cantonné dans le Vorarlberg et sur la frontière des Grisons ; l’autre, dont le chef était Bellegarde, de 47 000 hommes, dans la vallée de l’Inn et le Tirol, y compris les 5 600 hommes d’Auffenberg détachés en