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résistance, 3 000 soldats napolitains (28 novembre 1798). Nouveau débarquement le 1er décembre, et le gouvernement toscan s’était borné, en la circonstance, à adresser une circulaire à tous les ministres étrangers à Florence pour dégager sa responsabilité et promettre qu’il n’y aurait aucun acte d’hostilité, sauf s’il était nécessaire de se défendre. En apprenant, le 19 frimaire an VII (9 décembre 1798), l’occupation de Livourne par les Napolitains, le Directoire écrivit d’abord à Joubert d’agir, à l’égard de la Toscane et aussi de la République de Lucques, comme il le jugerait utile (Revue d’histoire rédigée à l’état-major de l’armée, juin 1903, p. 1261), et celui-ci chargea Sérurier d’entrer en Toscane ; mais, dans la nuit du 10 au 11 nivôse (30 au 31 décembre), il recevait une lettre du 4 (24 décembre) par laquelle le Directoire lui prescrivait de suspendre seulement l’expédition contre la Toscane (Idem, p. 1265-1266). À ce même moment, il se plaignait, en effet, — nous le verrons tout à l’heure — de la marche d’une armée russe sur le territoire de l’Empire, et, ne se sentant pas suffisamment préparé à une reprise générale des hostilités, il craignait de donner barre sur lui en se prêtant, à son tour, à une violation de territoire. En conséquence, les troupes de Sérurier rétrogradèrent. Seule, la marche sur Lucques, qui avait été ordonnée en même temps que l’entrée en Toscane, continua. Sérurier était sans peine maître de Lucques le 15 nivôse an VII (4 janvier 1799). Le 6 pluviôse (25 janvier), une nouvelle constitution, calquée sur la Constitution de l’an III, était proclamée et les nouvelles autorités allaient entrer en fonction le 27 (15 février). Sur ces entrefaites, par une lettre du 21 nivôse (10 janvier), le Directoire rendait à Joubert toute liberté en Toscane ; mais, effrayé par la première entrée en campagne des Français, le grand-duc avait supplié le commandant des troupes napolitaines d’évacuer Livourne et leur embarquement avait eu lieu les 4 et 9 janvier. Toute excuse pour son expédition lui étant ainsi enlevée à l’heure où il lui était permis de l’entreprendre, Joubert réclama au grand-duc 2 millions afin d’indemniser la France des préparatifs qu’elle avait dû faire ; le 22 nivôse (11 janvier), le gouvernement toscan consentait à payer un million. Cela ne devait pas le sauver : après de nouvelles réclamations, sous prétexte cette fois d’indemniser les Français victimes de l’occupation de Livourne, on allait l’obliger à quitter ses États. Le 1er nivôse (21 décembre), Joubert avait connu le refus de sa démission par le Directoire et avait consenti à la retirer. Mais il tenait à garder son chef d’état-major Suchet qui, ancien chef d’état-major de Brune, avait été, par nos agents civils, rendu responsable des abus militaires. En apprenant qu’un arrêté du 7 nivôse (27 décembre) destituait Suchet, Joubert, le 16 nivôse (5 janvier), redonnait sa démission que le Directoire acceptait le 4 pluviôse (23 janvier) ; ayant reçu avis de cette acceptation le 12 (31 janvier), Joubert partait le lendemain en laissant le commandement provisoire au général Delmas, le plus ancien en grade.