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chement disperser au sud d’Assouan des Mameluks revenus sur ce point, celui-ci, parti de Keneh le 7 prairial (26 mai), entrait, le 10 (29 mai), à Kosséïr sans résistance ; il y installa le général Donzelot et, le 16 prairial (4 juin), il avait regagné Keneh. La conquête de la Haute Égypte était achevée.

Averti qu’une armée turque s’avançait vers l’Égypte par la Syrie, Bonaparte se disposa, à la fin de pluviôse an VII (premiers jours de février 1799), à aller au-devant d’elle avec 13 000 hommes formant quatre divisions d’infanterie sous les ordres de Kleber, Reynier, Bon et Lannes, et une de cavalerie commandée par Murat. Il rejoignait, le 29 (17 février), son avant-garde qui, commandée par Kleber, était, après une marche pénible à travers le désert, parvenue, le 24 (12 février), sur la frontière de Syrie, à El Arich dont, depuis deux jours, le général Reynier tenait la garnison bloquée dans la citadelle. Des troupes turques ayant essayé de la secourir furent mises en déroute le 27 (15 février), et le fort bombardé capitula le 3 ventôse (21 février). Bonaparte laissa la garnison en liberté sur le serment de ne plus servir contre les Français ; le 6 (24 février), il entrait en Palestine, prenait, le lendemain. Gaza après une faible résistance, occupait ensuite Ramleh (11 ventôse-1er mars) et trouvait dans ces deux villes d’énormes approvisionnements. Le 14 (4 mars), commençaient les préparatifs pour le siège de Jaffa ; le 17 (7 mars), la ville était emportée d’assaut et la population égorgée ; la tuerie fut horrible, 2 000 hommes périrent ; 3 000 autres environ (Revue d’histoire rédigée à l’état-major de l’armée, n° de novembre 1903, p. 312, d’après G. de La Jonquière) déposèrent les armes et, sur l’ordre formel de Bonaparte, eut lieu l’odieux massacre de 2 500 environ d’entre eux (Idem, p. 317) fusillés les 18, 19 et 20 ventôse (8, 9 et 10 mars) sous prétexte qu’il y avait en grand nombre dans leurs rangs des soldats d’El Arich qui avaient violé leur serment, en réalité pour se débarrasser de prisonniers trop nombreux : « Il ne pouvait y avoir plus de 400 à 500 soldats d’El Arich sur les 2 400 à 2 500 prisonniers qui furent passés par les armes » (Idem, p. 316, note). Après quelques jours de repos, on marcha (24 ventôse-14 mars) sur Saint-Jean-d’Acre ou Akka, l’ancienne Ptolémaïs, la place la plus importante de la Syrie, devant laquelle Bonaparte se trouvait le 28 (18 mars). Mais, le 24 (14 mars), le commandant de la garnison turque, Djezzar-Pacha, avait vu arriver, pour lui prêter un précieux appui, le commodore Sidney Smith — celui qui, le 18 décembre 1793, avait incendié l’arsenal et la flotte de Toulon — à la tête de deux vaisseaux de ligne et d’une frégate, avec lesquels il allait contribuer à ravitailler les assiégés en hommes et en munitions.

Sidney Smith, monté sur le Diamond, s’était, le 29 germinal an IV (18 avril 1796), en rade du Havre, emparé d’un navire français, le Vengeur ; mais le vent et la marée le poussèrent malgré lui en Seine où il fut pris avec le lieutenant anglais Wright et l’émigré français de Tromelin qu’il fit passer pour son domestique. Les trois prisonniers ayant été bientôt envoyés à