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Conception et portant alors le n° 60 de la rue Saint-Honoré, — sur l’emplacement de laquelle se trouve aujourd’hui le n° 398 (Bulletin de la Société de l’histoire de Paris, 1899, p. 45, article de M. Ernest Coyecque) — l’acheta, le 22 prairial an IV (10 juin 1796), moyennant 32 888 francs. À son exemple, les acheteurs des bâtiments nationaux de Paris étaient souvent des locataires des maisons achetées. Un des architectes fut Vignon — à qui on devra plus tard l’église de la Madeleine ; il acheta, le 19 et le 23 ventôse an III (9 et 13 mars 1795), deux maisons de la rue du Jour pour 552 300 francs.

Parmi les capitalistes que j’ai eu l’occasion de nommer, j’aperçois, dans ma période, au nombre des acheteurs des bâtiments nationaux de Paris, Devinck (an IV), pour deux maisons rue Saint-Honoré ; Gobert (an IV), pour une maison rue de Provence ; Claude Périer (an V), pour deux maisons rue Saint-Honoré provenant des religieux feuillants ; Lanchère (an V), pour deux maisons rue Saint-Benoît et rue de l’Égout, aujourd’hui supprimée ; Rousseau qui, entre autres achats, fut, le 1er fructidor an V(18 août 1797), avec les nommés Morel, Lachaise et Gauthier, acquéreur, moyennant 180 100 francs, de l’abbaye de Cluny cédée ensuite par eux à Colin, notaire ; Cerfbeer (an V et an VI), pour trois maisons rue du Mont-Blanc (chaussée d’Antin), dont l’une moyennant 801 300 francs ; Musset (an VI), pour une maison rue des Bernardins. L’agent d’affaires plein d’imagination, Gaston Rosnay, dont il a été question plus haut, obtenait, le 3 vendémiaire an V (24 septembre 1796), pour 79 528 francs, une maison, dite hôtel de Toulouse, appartenant aux carmes déchaussés et servant aujourd’hui au conseil de guerre.

Comme députés, je vois notamment Laffon de Ladébat qui acheta, le 1er prairial an V (20 mai 1797), pour 273 400 francs, le couvent des Filles de la Providence, rue de l’Arbalète, et Le Coulteux (de Canteleu) acquéreur, le 1er fructidor an V (18 août 1797), pour 228 000 francs, d’une maison des carmes déchaussés, rue Cassette. Tous les rentiers n’étaient pas ruinés ; c’est un rentier, Gechter, qui acquit, le 1er brumaire an VI (22 octobre 1797), moyennant 1 650 700 francs, quatre lots du couvent des Grands-Augustins, dont l’église et du terrain avaient déjà été vendus le 13 ventôse an V (3 mars 1797). Si les médecins et employés des hôpitaux subissaient pour leurs appointements des retards considérables, cela n’empêchait pas un certain Momet, régisseur général des hôpitaux, d’acheter pour un million, rue du Regard, le 23 frimaire an VII (13 décembre 1798), une maison et deux jardins provenant des carmes déchaussés.

Voici quelques ventes concernant, soit des édifices connus, soit des terrains déjà mentionnés (chap. xi), à propos des travaux de voirie. Le 28 vendémiaire an V (19 octobre 1796) le couvent des sœurs de la Charité de Saint-Lazare, dites sœurs grises, était vendu 147 083 fr. à un nommé Serange, et plusieurs bâtiments dépendant de ce couvent étaient vendus un peu plus tard pour une somme à peu près égale ; l’église Saint-Paul, alors rue Saint-