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par des arrêtés individuels motivés, les prêtres qui troubleraient dans l’intérieur la tranquillité publique » (art. 24), et la modification (art. 25) de la formule du serment imposé aux prêtres (chap. xi § 3) ; la mise « pendant un an sous l’inspection de la police, qui pourra les prohiber », des journaux ou autres feuilles périodiques et des presses d’imprimeries (art. 35) ; l’abrogation de la loi du 7 thermidor an V contre les sociétés politiques, autorisées à se rouvrir à la condition de ne pas professer de principes contraires à la Constitution de l’an III (art. 36 et 37).

En remplacement de Barthélémy, les Anciens élurent, le 22 fructidor (8 septembre) Merlin (de Douai) et, le 23 (9 septembre), en remplacement de Carnot, François (de Neufchâteau). Augereau avait bien été porté les deux fois par les Cinq-Cents sur la liste décuple dressée par eux ; la première fois, il eut 195 suffrages sur 263 votants et 192 sur 238 la seconde ; mais, au Conseil des Anciens, il n’obtenait qu’une voix la première fois sur 139 votants et guère plus la seconde sur 146. Les nouveaux directeurs eurent pour successeurs au ministère, Letourneux à l’Intérieur (28 fructidor an V-14 septembre 1797) et Lambrechts à la Justice (3 vendémiaire an VI-24 septembre 1797).

La répression fut excessive et maladroite, et le furent autant les récriminations du parti vaincu. 42 journaux réactionnaires furent supprimés ; mais nous avons vu, à propos du complot de Brothier (chap. xv), comment les royalistes entendaient la liberté de la presse. Sur les 65 condamnés à la déportation, 48 s’échappèrent, 15 furent, le 23 fructidor (9 septembre), transportés à Rochefort « dans les trois voitures qui avaient servi à amener de Paris la compagnie Babeuf au tribunal de Vendôme « (Dufort de Cheverny, Mémoires, t. II, p. 356) et ils récriminèrent contre ces voitures grillées ; mais les royalistes avaient trouvé fort bien que ce traitement fût infligé à Babeuf et à ses amis, et Pichegru ne disait-il pas à un de ses co-détenus qui se plaignait pendant le voyage : « Ils nous font ce que nous leur aurions fait » (Victor Pierre, 18 Fructidor, p. 134) ? Appliquée aux royalistes, la déportation à la Guyane a été qualifiée de « guillotine sèche », et le mot serait, paraît-il, d’un des condamnés, Tronson du Coudray ; mais les royalistes n’avaient pas songé à la stigmatiser de la sorte lorsqu’ils avaient contribué à en frapper (chap. vii), sans parler d’autres républicains, Billaud-Varenne et Collot d’Herbois qui mourut à Cayenne.

Embarqués à Rochefort le 1er vendémiaire an VI (22 septembre 1797), les 15 auxquels il faut ajouter un nommé Le Tellier, domestique de Barthélémy, qui avait demandé à le suivre, arrivèrent à Cayenne le 22 brumaire an VI (12 novembre 1797) et furent ensuite, comme cela avait eu lieu pour Billaud-Varenne et Collot d’Herbois, conduits à Sinnamary ; c’était Barthélémy, directeur, Barbé-Marbois, Laffon de Ladébat, Murinais-Dauberjon, Rovère, Tronson du Coudray, du Conseil des Anciens, Aubry, Bourdon (de