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§ 2. — Autriche, Italie, Suisse, États-Unis.

Après Beaulieu, après Wurmser, après Allvinczi, l’Autriche avait appelé en Italie l’archiduc Charles. Des troupes françaises de renfort, sous les ordres des généraux Bernadotte et Delmas, étant parvenues sur l’Adige, Bonaparte en profita pour reprendre les hostilités, sans attendre le concours en Allemagne des armées de Hoche et de Moreau : il tenait à avoir seul le bénéfice de la défaite de l’Autriche et de la conclusion de la paix. Son but était de menacer Vienne ; il lui fallait pour cela franchir la chaîne des Alpes, dont les deux points principaux étaient les cols de Toblach et de Tarvis, de façon à « aboutir à Villach. Joubert commandait la gauche, dans le Tirol ; Masséna, le centre, et Bernadotte, sous l’action immédiate de Bonaparte, était à l’aile droite. Le 20 ventôse an V (10 mars 1797), on traversait la Piave ; l’archiduc Charles avait réuni le gros de ses forces sur la rive gauche du Tagliamento, où l’armée française arrivait le 26 (16 mars), battant les Autrichiens réduits à une retraite précipitée. Tandis que Bernadotte passait la Torre le 28 (18 mars), se portait sur Gradisca, dont la capitulation livrait le passage de l’Isonzo, occupait Trieste le 3 germinal (23 mars) et se dirigeait sur Laibach, Masséna, chargé d’entraver les communications entre la gauche de l’armée autrichienne du Tirol et la droite de l’archiduc, quittait Bassano le 20 ventôse (10 mars), arrivait le 21 (11 mars) à Feltre, à la poursuite du corps de Lusignan placé entre ces deux armées, le battait le 24 (14 mars) à Longarone, et, après l’avoir repoussé au-delà de Pieve di Cadore, revenait sur ses pas jusqu’à Bellune, pour aller appuyer les troupes engagées sur le Tagliamento ; mais le mauvais état des chemins ne lui permit d’être là que le lendemain du combat de ce nom. À Spilembergo le 27 (17 mars), à San Daniele le 28 (18 mars), il remontait le cours du Tagliamento, atteignait Gemona le 29 (19 mars), entrait, le 1er germinal (21 mars), à Pontebba et poursuivait l’ennemi jusqu’au delà de Tarvis que les Autrichiens cherchaient aussitôt à reprendre ; mais, refoulés le 2 (22 mars), ils éprouvaient des pertes considérables. Pendant que les Français prenaient position à Villach, sur les bords de la Drave (7 germinal-27 mars), l’archiduc ralliait ses troupes à Klagenfurt ; elles étaient délogées de là le 8 (28 mars), et de Saint-Veit le 10 (30 mars).

De son côté, Joubert qui était, le 29 ventôse (19 mars), vers Trente, se trouvait, à la suite de plusieurs succès, à Bozen le 2 germinal (22 mars), et, le 3 (23 mars), à Brixen, où, après une pointe heureuse jusqu’à Sterzing, non loin du Brenner, sans nouvelles du reste de l’armée, craignant de s’isoler dans une contrée en insurrection, il jugea prudent de revenir. Il se trouvait assez menacé par les Autrichiens qui reprenaient l’offensive, lorsqu’il fut, le 14 (3 avril), informé que l’armée française était victorieuse et marchait en avant ; il rassembla ses troupes le 15 et le 16 (4 et 5 avril) pour opérer sa jonction avec elle, remonta la Rienz, atteignit le col de Toblach, puis, côtoyant