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D’après le rapport de police du 4 fructidor an III (21 août 1795), on a entendu dire plusieurs fois : « on était plus heureux sous le règne de Robespierre ; on ne sentait pas alors le besoin ». Le rapport du 6 frimaire an IV (27 novembre 1795) mentionne que « dans certains groupes on redemande le régime de Robespierre, parce qu’alors on avait de quoi manger ; d’autres, l’ancien régime ; tous, enfin, un régime où l’on mange, c’est là le mot ». Un rapport du 5 nivôse (26 décembre) au ministre de l’Intérieur constate que les citoyens du faubourg Saint-Marceau « se rappellent le temps de Robespierre, où la République était triomphante et où l’on vivait à un prix modéré ; ils comparent ce temps avec le temps présent, et le gouvernement ne gagne pas au parallèle ». Dans le rapport du 17 pluviôse an IV (6 février 1796), on lit qu’on entend répéter : « Il faut un second Robespierre pour faire exécuter les lois, autrement c’en est fait de la République ».

Anciennes églises Saint-Étienne-du-Mont et Sainte-Geneviève.
(D’après une estampe du Musée Carnavalet.)


De cette question des subsistances ainsi envisagée par la masse — et, quoi qu’on en pense, tant que la masse restera sous le coup d’une situation jugée par elle défavorable, tant que ses besoins ne seront pas assurés d’être satisfaits, ses idées seront, de la façon la plus immédiate, déterminées par ses besoins et, lorsque ceux-ci ne recevront pas quelque satisfaction, elles le seront par le désir, compréhensible dans le fond, mais aveugle trop souvent dans la forme, de changer ce qui existe — les patriotes firent le point de départ de leur propagande ; ce faisant, ils avaient raison à un double point de vue : ils accomplissaient d’abord leur devoir en réclamant tout de suite un soulagement pour la classe ouvrière ; ils donnaient ensuite à leur propa-