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Enfin, « d’après un tableau officiel… dressé par le ministère de l’agriculture et du commerce » (Biollay, Les prix en 1790, p. 86), le prix moyen de l’hectolitre de froment pour la fin de notre période était de 16 fr. 48 en 1797 ; 17 fr. 07 en 1798 ; 16 fr. 20 en 1799 ; 20 fr. 34 en 1800. En augmentant d’un tiers chacun de ces prix, on aura le prix moyen un peu forcé des 100 kilos suivant ce document.

Souffrirent surtout de cette situation les tout petits propriétaires que leur lambeau de propriété laissa sans ressources ; décrivant l’état de l’agriculture en l’an V (mai 1797), Rougier-Labergerie (Annales de l’agriculture, t. Ier, p. 13) constatait que le morcellement avait été poussé trop loin : « ce principe a reçu une si grande extension dans l’opinion et dans les lois qu’il est devenu un mal positif ».

D’après les Cours de l’École de Mars (chap. xi) dont il a été question au début du paragraphe 8, un hectare de prés rapportait, année commune, 38 quintaux métriques et un tiers de foin ; les terres de blé moyennes rapportaient, par hectare, 15 quintaux métriques 3/4 de paille et 15 hectolitres 1/4 de grains. Le rendement des bonnes terres était, suivant les mêmes Annales, de l’an VI (t. III, p. 36 à 44), de 15 à 16 hectolitres de froment à l’hectare, l’hectolitre pesant en moyenne 75 kilos un quart, et tout près des hectolitres et demi ayant été employés par hectare pour la semence, ce qui, finalement, faisait un rapport de six à sept contre un là où la terre était bien cultivée ; ce même rapport n’était que de quatre contre un dans le Gers (bulletin de la Société d’agriculture déjà cité).

Admis à la barre de la Convention le 30 germinal an III (19 avril 1795), François (de Neufchâteau), alors membre du tribunal de cassation, parlant du blé, s’exprima ainsi au sujet des meilleures espèces à cultiver :

« On a déjà quelques données sur cet objet intéressant.

« L’auteur des Observations sur le ci-devant Angoumois dit que le blé de Guiesce est le plus productif et le meilleur de tous et qu’il est cultivé principalement dans les environs de Nérac et près de Montmoreau.

« Les Mémoires d’agriculture d’un citoyen du ci-devant Languedoc nous apprennent que les froments du voisinage de Narbonne, département de l’Aude, sont plus fins que tous ceux du reste du pays et des pays environnants ; que les grains en ont plus de poids et sont plus savoureux.

« Duhamel, dans les six volumes de son Traité de la culture des terres, le répertoire le plus riche de faits agronomiques qui existe en aucune langue, Duhamel cite plusieurs blés qu’il recommande à divers titres :

« 1° Le blé de Smyrne qui produit deux fois plus que l’autre, mais qui demande à être enterré plus profondément et recueilli avant sa parfaite maturité ;

« 2° Un froment connu à Genève sous le nom de blé d’abondance, et qui n’est pas le blé de Smyrne ou de miracle dont je viens de parler ;