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En astronomie, l’année 1799 voyait paraître les deux volumes formant la première partie, la plus importante au point de vue des principes, du Traité de mécanique céleste de Laplace, œuvre capitale dans laquelle il exposait une théorie de la formation de l’univers pour laquelle, suivant son mot, il n’avait pas eu besoin de recourir à l’hypothèse de Dieu, et les nombreuses découvertes astronomiques faites par lui au moyen de l’analyse mathématique. Il avait lui-même vulgarisé d’avance son grand ouvrage dans l'Exposition du système du monde publié en 1798. Le 5 et le 6 mai 1795, La Lande observait un astre jusque-là ignoré ; il rangea parmi les étoiles cet astre qui ne serait autre que la célèbre planète Neptune.

C’est en 1798, nous l’avons vu dans le paragraphe précédent, que furent terminées par Delambre et Méchain les opérations, commencées en 1792, de la mesure de l’arc du méridien compris entre Dunkerque et Barcelone.

C’est en 1797 que Duvillard, présenta à l’Institut sa Table de mortalité donnant âge par âge le nombre des survivants d’un groupe déterminé d’individus ; employée longtemps pour les calculs d’assurances en cas de décès, cette Table qui ne correspond pas à la répartition actuelle de la mortalité est maintenant à peu près abandonnée.

En chimie, Vauquelin isolait le chrome (1797) et découvrait, en 1798, dans l’émeraude un oxyde inconnu qu’il nommait glucine. Grâce notamment à Fourcroy, la chimie organique continuait à faire des progrès : doivent être signalées à cet égard, les communications à l’Institut, en 1797 et 1798, de Fourcroy et de Vauquelin sur l’urine et sur l’analyse des calculs urinaires. D’autre part, l’ingénieur Lebon prenait, le 6 vendémiaire an VIII (28 septembre 1799), un brevet d’invention pour de nouveaux moyens d’employer les combustibles plus utilement, soit pour la chaleur, soit pour la lumière, et d’en recueillir les divers produits ; on y trouve, entre autres choses, le moyen de produire, avec le charbon de terre, un gaz propre à l’éclairage.

La médecine, dont l’exercice était libre alors, se préparait à une importante évolution. Deux grands chirurgiens, Desault et Chopart, étaient morts en juin 1795 à quelques jours de distance. Bichat, l’élève de Desault, réunit en volumes (1797-1799) les travaux de celui-ci ; il avait participé, dès 1796, à la publication du Traité des maladies chirurgicales et des opérations qui leur conviennent, par Chopart et Desault. Le 5 messidor an IV (23 juin 1796), avait eu lieu la première séance de la Société médicale d’émulation fondée, le mois précédent, par Bichat qui publia dans les recueils de cette société plusieurs mémoires, où se trouvent les éléments de sa conception fondamentale de l’étude des tissus examinés à part et classés d’après leur structure. En 1798, parut la Nosographie philosophique, ou méthode de l’analyse appliquée à la médecine, de Philippe Pinel, médecin à la Salpêtrière, ouvrage qui, malgré ses erreurs, a fait époque en poussant les médecins à partir non de théories préconçues, mais de la réalité scrupuleusement observée. On cherchait