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devait envoyer un lieutenant ou sous-lieutenant et un sous-officier (Archives nationales, AF IV 399).

Outre ces écoles, d’autres furent organisées qui, ou n’avaient véritablement pas le caractère des écoles précédentes, ou l’avaient, du moins partiellement, sans qu’il leur fût reconnu par la loi du 30 vendémiaire. Ainsi la loi du 14 frimaire an III (4 décembre 1794), mentionnée plus haut, avait décrété la substitution, aux trois facultés de médecine de Paris, de Montpellier et de Strasbourg, de trois écoles dites « de santé », que la loi du 3 brumaire an IV appela Écoles de médecine ; elles étaient chargées de préparer des médecins pour l’armée et pour la marine. Les élèves de l’État touchaient 1 200 francs de traitement annuel comme les élèves de l’École polytechnique ; mais, à côté d’eux, étaient admis dans les mêmes écoles de médecine des étudiants libres, même des étrangers. Dans un rapport au Conseil des Cinq-Cents, le 14 germinal an V (3 avril 1797), Vitet constatait le succès des écoles de Paris et de Montpellier, celle de Strasbourg allait moins bien. En outre, une école de médecine se maintint à Caen ; on lit, en effet, dans le compte rendu d’une mission remplie par Fourcroy en floréal an IX (mai 1801) : « L’ancienne école de médecine de Caen s’est soutenue… Elle continue ses exercices et ses leçons… Elle a de 40 à 50 élèves. On n’y fait plus de réception depuis trois ou quatre ans, d’après une lettre du ministre François (de Neufchâteau) » (Rocquain, État de la France au 18 brumaire, p. 200).

Il y eut, à, l’école de Paris (A. Prévost, L’École de santé de Paris, 1794-1809, p. 28), par décision du 9 nivôse an V (29 décembre 1796), un cours d’accouchement pour les élèves sages-femmes. On enseigna, ce qui était nouveau, du moins en France, la médecine légale, l’histoire de la médecine, l’hygiène, la physique médicale. Tandis que des cours théoriques et pratiques étaient faits, à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, aux élèves rétribués par l’État, d’autres cours avaient lieu, à l’Hôtel-Dieu (hospice de l’Humanité) et à la Charité (hospice de l’Unité), pour un certain nombre d’élèves déjà avancés dans leurs études et désignés par l’administration des hospices civils : l’enseignement à peu près exclusivement théorique des anciennes Facultés fut, en effet, officiellement complété, à l’exemple de ce que faisait depuis plusieurs années Desault, par la leçon clinique, l’enseignement pratique à l’hôpital et à l’amphithéâtre.

La loi du 14 avril 1791 ayant maintenu les règlements existants « relatifs à l’exercice et à l’enseignement de la pharmacie », les Collèges des pharmaciens de Paris et de Montpellier avaient persisté. Les pharmaciens de Paris se constituèrent, le 30 ventôse an IV (20 mars 1790), en « Soeiété libre », et continuèrent l’enseignement dans l’établissement — où l’école est restée jusqu’en 1881 — de la rue de l’Arbalète, qu’un arrêté du 3 prairial an IV (22 mai 1796) admit en qualité à d'École gratuite de pharmacie (Journal des pharmaciens, 1797-99, p. 2).