de deux formes de gratification : subventions des villes et primes à la sortie des marchandises jusqu’au 1er janvier 1849, procédé d’une légalité douteuse qui coûta 4 millions 1/2 à l’État, mais qui ranimait l’exportation.
Deux choses cependant entravaient la circulation : les octrois pour le marché intérieur, les douanes pour le marché extérieur. Les premiers, attaqués, abolis en partie, furent partout rétablis ; les autres passèrent par des remaniements de tarifs, dont les tissus, les sels, les sucres furent l’objet ordinaire. Mais une question de principe était à débattre ; la politique commerciale de la République serait-elle le libre échange ou la protection ? Les libre-échangistes, avant 1848, avaient constitué, à l’instigation de Bastiat, une ligue qui inquiétait fort leurs adversaires. Après la Révolution les deux groupes s’étaient unis pour lutter contre le socialisme. L’ennemi commun vaincu, ils se retrouvaient en présence et la lutte recommençait acharnée. Les protectionnistes, profitant de la crainte qu’inspirait tout changement économique, se montrèrent décidés à conserver comme tous les autres les avantages consentis à une partie de la bourgeoisie riche. Ils prirent l’offensive. Michel Chevalier, qui dans son cours au Collège de France prêchait le libre échange, fut directement mis en cause comme propageant des idées subversives. Wolowski, Garnier, Adolphe Blanqui furent avec lui accusés par le Conseil des manufactures qui menaçait de les casser aux gages. Un vœu fut voté invitant les professeurs rétribués par le Comité à enseigner l’économie politique au point de vue de la législation régissant l’industrie française. Quelques membres du Comité auraient même voulu davantage. Ils demandaient que le professeur s’abstînt de porter la moindre atteinte aux lois existantes et de faire naître, par ses discours, la défiance entre les citoyens. C’était réclamer une orthodoxie aussi étroite que celle de l’Église, subordonner la science à une doctrine d’État. Cette partie du vœu ne fut point adoptée, et la chaire de Michel Chevalier, un instant supprimée, fut rétablie. C’était une petite victoire pour les libre-échangistes.
Ils pouvaient compter aussi comme un demi-succès la loi du 11 janvier 1851 qui accordait l’entrée en franchise dans les ports de la mère-patrie d’une quantité de produits algériens. Mais, sans nous arrêter aux escarmouches qui furent nombreuses entre les deux partis, allons droit à la grande bataille qui les mit aux prises. Elle fut livrée dans l’Assemblée législative, quand l’économiste Sainte-Beuve[1], représentant de l’Oise, crut devoir proposer une réforme radicale du régime commercial français. S’appuyant sur l’article 1.3 de la Constitution, qui garantissait la liberté du travail et de l’industrie, il proposait l’abolition de tous droits d’entrée sur les substances alimentaires, sur les matières premières, sur la houille, sur le bois de construction, sur le fer ; en outre, la réduction à 10 ou à 20 0/0 de
- ↑ Ne pas le confondre avec le critique du même nom.