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profonde s’opérait par la force des choses. Le parti républicain devenait le parti de la paix sociale et de la légalité. « C’est nous qui sommes les conservateurs ». s’écria Lamoricière. Dans la discussion, Victor Hugo montra le danger qu’il y avait à supprimer l’instrument du progrès pacifique. Grévy s’éleva contre le rétablissement indirect et inique du système refusant le droit de vote aux pauvres. Cavaignac, Jules Favre défendirent ce qui avait été la vraie raison d’être du 24 février. De Flotte, « l’insurgé », protesta contre la folle


Les ouvriers, exaspérés par la concurrence que le travail des communautés leur faisait subir, s’étaient portés à des violences.
(D’après un document du Musée Carnavalet.)


ambition qu’on prêtait au socialisme de vouloir la réalisation immédiate d’idées qui n’avaient pas eu le temps de prendre racine. Peines perdues ! Montalembert railla chez des ex-révolutionnaires ce respect pudibond de la Constitution, cette Vestale sans cesse violée ou près de l’être : puis, selon la tactique commode, monotone, et toujours efficace du parti de l’ordre, il s’en prit une fois de plus au socialisme. « Nous voulons, dit-il, la guerre légale au socialisme. » C’est ce qu’il appelait une expédition de Rome à l’intérieur. Proudhon ayant dit que le suffrage universel devait aboutir un jour à la réforme sociale, il fallait modifier le suffrage universel. L’aveu était dépouillé de tout voile. Montalembert complétait cette nudité de pensée en confessant