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tion, lancèrent contre lui une nouvelle et flétrissante accusation. Il avait osé mettre la main sur le nom de Marat qu’Hébert prétendait confisquer, Il fallait en finir avec lui. On lance contre lui « la veuve de Marat », celle qui fut sa compagne, Simone Evrard, qui se plaint que Jacques Roux fasse parler « l’ombre de Marat » : la famille de Marat étant hébertiste.

Mais surtout on tente de le déshonorer en le dénonçant comme un voleur. Accusé dans sa section d’avoir, comme président du club des Cordeliers, dilapidé les fonds et notamment de n’avoir pas versé à la caisse un assignat de deux cents livres reçu par lui pour le club, il se défendit avec force. Il affirma (et c’est infiniment vraisemblable) que plusieurs des sommes inscrites sur les registres du club n’avaient pas été effectivement versées, et qu’en quittant la présidence, il dut combler le déficit de ses propres fonds. Il appela en témoignage de sa bienfaisance, de sa sollicitude pour les pauvres, quelques-unes des femmes qu’il avait obligées, pour lesquelles il avait fait des collectes : et elles parlèrent de lui avec une gratitude extrême. Mais cette tentative pour l’écraser le révolta, et, un soir, à l’assemblée de la section, il tenta de prendre sa revanche. Il porta contre un de ses principaux adversaires, Chemu, une accusation grave ; il ressaisit sur la section toute son autorité ; il fit casser le bureau où siégeaient ses ennemis. Lui-même fut appelé à la présidence. C’était le réveil de Jacques Roux aux Gravilliers. Autour de lui, ses amis, le menuisier Maté, d’autres encore, exhalaient des propos de colère contre tous ceux qui avaient diffamé Jacques Roux. Hébert et la Commune laisseront-ils se reformer le parti des Gravilliers, le parti de Roux ?

C’est le 19 août que Roux a fait son coup de force. Dès le 21, Hébert le dénonce aux Jacobins : « Ce prêtre infâme, qui a beaucoup d’influence dans la section des Gravilliers, avait fait arrêter, à cette section, qu’une adresse serait présentée à la Convention pour en obtenir la cassation des autorités constituées, pour accuser le maire même d’accaparement.

« Heureusement, ajoute-t-il, cette section a reconnu son erreur, elle a rapporté son arrêté, et elle sera sans doute la première à dénoncer le scélérat qui l’induisit volontairement en erreur. »

Cet appel fut entendu et les comités civils et de surveillance des Gravilliers, qui tentaient de disputer la section à l’influence de Jacques Roux, firent, le 22 août, une démarche à la Commune. Truchon dit en leur nom : « Citoyens magistrats, vous avez dû être instruits que dimanche dernier, vers minuit, Jacques Roux s’est introduit dans l’assemblée de la section des Gravilliers ; il y a cassé le président et le secrétaire ; il a également fait casser, à la faveur d’un parti qu’il s’est fait, le comité civil et de surveillance, et le commissaire de police, et il a fait mettre plusieurs personnes en état d’arrestation. La section est entièrement désorganisée ; nous demandons que le Conseil nomme des commissaires pour se transporter dans notre assemblée