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voyait parfaitement qu’on n’avait aucune preuve. Elle ne désirait point la mort. »

Supplice du Roi de France.

La Guillotine
ou la moderne machine à décapiter de Paris.
Gravure anglaise.
(D’après une estampe du Musée Carnavalet.)


Simples conjectures ; l’armée aurait-elle si vite, au commencement d’avril, abandonné le glorieux Dumouriez, cherchant à la détourner de la Convention, si elle avait été meurtrie dans sa conscience et dans son humanité par la mort du roi ? C’est une tactique qui a été trop souvent adoptée par les historiens d’opposer l’héroïsme calme et humain de l’armée aux fureurs aveugles des politiciens, aux cruautés des factions. L’armée avait le sentiment très net que son héroïsme égalait à peine l’héroïsme de ceux qui, au sein de la tempête, sans pouvoir connaître le repos de l’esprit et la joie du devoir certain, soutenaient sur leur pensée le poids accablant des événements. Mais le système de Michelet est grave, car il engage Danton bien avant dans la politique de Dumouriez.

Si c’est pour répondre aux sentiments de l’armée de Belgique, avec laquelle il venait de vivre, que Danton inclinait à sauver le roi, comme Dumou-