mandant en chef des armées de Vendée, contre Custine qui de l’armée du Rhin avait été appelé à l’armée du Nord, une campagne si véhémente qu’il était très près de l’état d’esprit des bureaux de la guerre où l’influence d’Hébert et de la Commune dominait. Il démasquait non pas la trahison mais la faiblesse, « le défaut de vue et d’énergie » des représentants et du Comité de Salut public. Il se plaint de l’indifférence de la Montagne.
« La lettre que j’ai adressée le 4 de ce mois à la Convention pour demander que la tête des Capets rebelles fût mise à prix, et pour solliciter l’immédiate destitution de Biron et de Custine qui s’apprêtent à renouveler le rôle de Dumouriez, n’a été lue que le 5. La Convention n’a même entendu que ce qui est relatif aux Capets, elle a passé à l’ordre par le vote. Je suis peu surpris, sans doute que ma lettre avait été communiquée la veille aux endormeurs du Comité de Salut public (ou, comme on dit, de perte publique) qui ont engagé quelques trembleurs de la Convention à préparer l’ordre du jour. Toujours est-il certain que Barère, Delmas, Mathieu, Ramel, Nogaret, etc., protègent Custine, Biron, Westermann, Menou et tous les scélérats ex-nobles, qui sont malheureusement encore à la tête de nos armées.
« Mais les patriotes de la Montagne ? Les patriotes de la Montagne aperçoivent très difficilement les trahisons ; ils attendent même quelquefois qu’elles soient consommées pour s’en occuper. C’est ce qui leur est arrivé à l’égard de Dumouriez ; pendant six mois, j’ai eu beau sonner le tocsin, ils ne les ont vues que lorsqu’il a menacé de marcher sur Paris. C’est ce qui leur est arrivé à l’égard de la faction des hommes d’État ; j’avais beau les démasquer chaque jour depuis quatre mois, ils m’ont traité de rêveur. Quoi qu’il en soit, j’aime beaucoup mes chers collègues, mais j’aime bien autrement la patrie, et quelle que soit ma crainte de leur déplaire, elle n’arrêtera point ma plume.
« Si Biron et Custine trahissent la patrie (comme je n’ai que trop lieu de le craindre) je prends acte aujourd’hui contre eux des vains efforts que j’ai faits pour prévenir ce malheur, en les engageant à ôter enfin le commandement de nos armées à ces deux courtisans. »
Marat accusait le Comité de Salut public de paralyser « par sa torpeur » Bouchotte.
« Si le Comité de Salut public n’entravait pas les opérations du ministre de la guerre, je ferais à ce sujet une vive sortie contre lui, mais je sais qu’il n’est pas le maître de faire ce qui convient pour faire aller la machine. »
Or, ce propos rentrait tout à fait dans le système hébertiste. Mais comment concluait Marat qui sentait bien qu’il serait difficile de remplacer d’emblée tous les chefs suspects par des patriotes expérimentés ? Il concluait qu’il faudrait s’en tenir pour un assez long temps à la petite guerre défen-