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HISTOIRE SOCIALISTE

« Le Conseil général, le procureur général syndic entendu, arrête que toutes les autorités constituées du département et les sections de Paris seront convoquées, par commissaires, vendredi 31 du présent mois, à neuf heures précises du matin, dans la salle de la société des Amis de la Liberté et de l’Égalité, séant aux dits Jacobins, rue Saint-Honoré, pour délibérer sur les mesures de salut public qu’il convient de prendre dans les circonstances actuelles, pour maintenir la liberté et l’égalité fortement menacées, et sur les moyens à employer pour repousser toutes les calomnies qui ont été répandues contre les citoyens et les autorités constituées du département de Paris ; dans les autres départements, détromper tous les citoyens qui auraient pu être égarés, afin de détruire le complot évidemment formé de perdre la ville de Paris en aliénant d’elle tous les départements, et de porter ainsi atteinte à l’unanimité et à l’indivisibilité de la République qu’elle a juré de défendre contre tous ses ennemis ;

« Arrête, en conséquence, que les Conseils généraux des districts de Saint-Denis et du bourg de l’Égalité, ceux des communes de ces deux districts et le Conseil général de la commune de Paris sont invités à nommer respectivement dans leur sein et à envoyer à cette assemblée le nombre de commissaires qu’ils jugeront convenable ; que les quarante-huit sections sont également invitées à nommer chacune deux commissaires parmi les membres de chacun des comités de surveillance, attendu que ces comités, par la nature de leurs fonctions et la confiance qui les y a appelés, ont acquis des renseignements et des instructions dont les commissaires réunis profiteront dans la discussion qui aura lieu ;

« Arrête, en outre, que les commissaires qui seront nommés par les autorités constituées et les sections se muniront de pouvoirs, afin qu’ils puissent être admis dans l’assemblée. Signé, Nicoleau, président ; Raisson, secrétaire général. »

Le Conseil général du département voulait donc dériver vers les Jacobins le mouvement révolutionnaire. C’était le mettre, en quelque façon, sous la main de Robespierre. Lhuillier était-il, comme le dit Michelet, un robespierriste ? Et est-ce aux suggestions personnelles de Robespierre qu’il a obéi en convoquant ainsi ce qu’on pouvait appeler les forces révolutionnaires légales ? Ce serait, je crois, s’aventurer beaucoup que de le dire. Lhuillier était un homme d’action : parmi les notes de police remises à la Commission des Douze, il en est une qui signale son rôle presque violent dans les sections :

« Hier, on a vomi des horreurs contre la Convention à la section Bon-Conseil ; elle a arrêté qu’on ne reconnaîtrait pas les lois de la Convention nationale, et qu’on ne reconnaîtrait que les ordres de la municipalité ; enfin, qu’on n’enverrait pas à la Commission des Douze les procès-verbaux. Celui qui mène tout cela est Lhuillier (procureur général syndic du département). »