Le mouvement n’était pas encore bien étendu, puisqu’il ne comprenait que 16 sections sur 48. Pourtant il se dessinait déjà assez net et assez fort pour que Dutard avertît Garat, ce même soir 25, que la Convention devrait relâcher Hébert. Il lui écrit, le 27 :
« J’ai consigné que la Convention, après le changement qui s’était opéré depuis près de deux mois, ne pouvait user de trop de circonspection, qu’elle devait épargner les chefs des factions, qu’elle devait se contenter pour le moment de leur rogner les griffes ou les ailes, et qu’attaquer l’un de ces hommes, ce serait réveiller l’attention du peuple qui, quoiqu’il ne les estime pas beaucoup, leur donnerait toujours la préférence sur ceux qu’il a toujours eus en horreur.
« Je vous ai dit avant-hier soir (c’est-à-dire le 23), que la Convention devait s’attendre à être obligée de relâcher Hébert, qu’elle devait s’y préparer et aviser d’avance aux moyens par lesquels elle pourrait, sans se déshonorer, le remettre en liberté ; qu’elle ne pouvait dans ces circonstances sévir essentiellement sur lui ; que, faire cette tentative, ce serait risquer d’allumer la guerre civile pour se défaire d’un homme qui est presque mis hors d’état de nuire. »
Le lendemain, dimanche 26 mai, la séance de la Convention fut assez languissante. Les délégués des seize sections demandèrent la mise en liberté d’Hébert. Marat, Billaud-Varennes, Legendre protestèrent, en quelques mots véhéments, contre les Douze, contre les duodecemvirs, et demandèrent que la Commission fût blâmée ou brisée. Mais la pétition fut renvoyée et la séance levée, sans que la Montagne ait obtenu le moindre avantage. Mais, ce qui caractérise la journée du 26, ce qui annonce l’accélération prochaine du mouvement, c’est d’abord que la lutte entre la Convention et les sections devient plus directe, plus brutale, c’est ensuite que les Jacobins entrent en ligne. D’abord, dans les sections, les patriotes, les sans-culottes, plus nombreux le dimanche, l’emportent presque partout :
« Les ouvriers de ma section qui travaillent à Chaillot, dit un des observateurs, viennent en foule à l’assemblée générale : ils se font rendre compte ; on casse tout ce qui a été fait dans la semaine ; mais le lundi on prend d’autres arrêtés. »
Cette fois, l’impulsion donnée aux sections par les ouvriers révolutionnaires, restitués par le dimanche à l’action politique, devait être définitive et durable. Ce dimanche 26, « la section de la Réunion prend Hébert et Varlet sous sa protection ; les ouvriers de cette section ont remporté aujourd’hui une victoire sur les aristocrates. »
Pendant que le Conseil de la Commune est réuni, il reçoit des sections des bulletins de combat qui sont, en effet, le plus souvent, des bulletins de victoire. « La section des Sans-Culottes informe le Conseil qu’elle demandera demain à la Convention la liberté d’Hébert…