« Cette affaire, quelle qu’en soit l’issue, ne présente que des espérances et des motifs de sécurité ; c’est le retour de l’ordre légal que réclament les commissaires ; c’est pour le retour de l’ordre légal que les sections et les corps constitués de Marseille se sont agités. Avec un tel concert d’intentions, tous ces amis des lois finiront par s’entendre. »
Est-ce désinvolture et ironie ou candeur ? Ducos n’oublie qu’une chose, c’est que les autorités constituées et les sections n’ont été d’accord qu’après la mutilation des autorités constituées ; il oublie que les sections ont commencé à marquer leur force contre-révolutionnaire en frappant Mouraille et Seytre, et pendant qu’il concilie ou qu’il raille, le feu de la guerre civile et de la contre-révolution éclate dans tout le Midi.
De Nantes, où il semblait que tous les cœurs révolutionnaires auraient dû être unis contre le péril immédiat, contre le fanatisme rétrograde de l’Ouest soulevé, montait comme un tocsin de guerre contre la Montagne.
« Les républicains formant le conseil général de la Commune et la Société populaire de Nantes » envoyaient à la Convention, dans les premiers jours de mai, une adresse si violente, ils dénonçaient l’action de la Montagne, de la Commune et des sections de Paris en termes si offensants, si flétrissants, que ce manifeste aurait pu servir d’apologie aux révoltés de l’Ouest. Tout n’était-il pas permis pour se libérer d’une Révolution qui, selon ses partisans déclarés, était toute dégouttante de sang et de crimes, toute chargée de rapines, souillée de vice et de boue ?
« Citoyens législateurs, on ose nous présenter, au nom de quelques sections de la Commune de Paris, une adresse séditieuse (l’adresse contre les vingt-deux). À la lecture de cet insolent manifeste, rédigé peut-être dans le camp de Cobourg ou de Dumouriez, nous n’avons pu contenir les mouvements de notre indignation ; nous avons mesuré toute l’étendue des dangers que courent ici la sûreté personnelle de nos mandataires et la souveraineté nationale. Nous venons vous offrir des défenseurs ; nous venons réclamer pour la Commune de Nantes toute entière l’initiative de la vengeance ; parce qu’instruits à l’école du malheur, éclairés sur la source des dévastations qui nous environnent, nous ne pouvons plus douter que la guerre civile allumée dans nos campagnes ne nous vienne de ceux-là mêmes qui ont provoqué l’adresse, de ceux-là mêmes qui en achètent ou en extorquent les signatures dans les carrefours et les tréteaux de Paris.
« Des hommes perdus de mœurs et de débauches, des scélérats couverts de sang et de crimes, usurpent ici les droits du peuple français, attentent à sa souveraineté, insultent à sa représentation, proscrivent au gré de leurs fureurs ses plus incorruptibles députés, travaillent sans relâche à dissoudre la Convention nationale, et, sous la forme insidieuse d’une pétition, viennent