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seillais ; et son témoignage est d’autant plus remarquable qu’il déteste la Montagne, qu’il n’aime pas la Convention. Il aurait voulu une insurrection marseillaise, mais sous l’inspiration et la conduite de la Gironde.

« Les sections, en se levant, ne suivirent que l’impulsion secrète des royalistes ; pourtant, elles crurent prudent de ne pas jeter le masque, et toujours elles agirent au nom de la République une et indivisible. Au fond, leurs meneurs, sans consistance, sans vues administratives, et sans bonne foi politique, détestaient autant la Gironde que la Montagne, autant Barbaroux que Granet. Ils ne pouvaient rien produire de grand et de généreux dans cette fausse situation, et ils avaient tout ce qu’il fallait pour tout gâter : misérables, qui, au lieu de prêter franchement une utile assistance à la Gironde opprimée, ne s’armèrent que pour une cause privée de chaleur et de fécondité. »

Puérile est la colère de Fabre ; pourquoi s’irriter contre les royalistes de Marseille ? Ils jouent leur jeu en affectant d’abord de reprendre simplement les griefs de la Gironde, pour écraser ensuite la Gironde elle-même. Les vrais coupables, ce sont ceux des révolutionnaires qui consentent à être dupes, qui fournissent eux-mêmes à la contre-révolution le masque dont elle a besoin. La Convention, dans sa séance du 6 mai, entendit lecture d’une communication des sections de Marseille, datée du 1er mai :

« Citoyen président, toutes les sections de Marseille ne formant qu’un peuple de frères, s’occupent, en ce moment, de rédiger une adresse à la Convention nationale et de lui envoyer des commissaires pour la présenter. Ils feront à la Convention le tableau fidèle de la situation de cette grande cité : elle y verra quels sont ses principes, ses sentiments, ses vœux. Jusqu’alors la Convention trouvera équitable, sans doute, de se prémunir contre toutes les déclamations que la calomnie pourrait vomir contre nous ; nos vertus républicaines sauront la confondre, et nos détracteurs n’obtiendront que la honte qui leur est si bien due.

« Tous les Marseillais ont juré de soutenir la République une et indivisible, fondée sur la liberté, l’égalité, et l’observation rigoureuse des lois. Ils en renouvellent le serment entre les mains des représentants de la nation. »

C’était bien, en effet, le masque républicain et révolutionnaire. Comme gage de leurs sentiments, les fourbes reproduisaient une circulaire de la municipalité de Marseille aux municipalités de la République :

« Le bruit se répand dans cette ville, citoyens collègues, que des émissaires parcourent ce département et même les départements voisins pour accréditer la fausse nouvelle que Marseille est dans un état de contre-révolution, que les vrais patriotes y sont vexés, et par une suite de leur méchanceté ils ajoutent que le sang y a coulé. Ils insinuent aux habitants des lieux qu’ils parcourent qu’il faut marcher sur Marseille, tomber sur les sections assemblées en permanence et délivrer les patriotes opprimés. Comme les habitants de votre commune pourraient être induits en erreur par ces suggestions per-