« Il y a des aristocrates dans les sections, chassez-les. »
Ainsi, tous les partis s’accordaient, de Pétion à Robespierre, à faire des sections le champ et le centre du combat. Et quel bouillonnement, quels remous, quelle ardente écume au choc des forces contraires qui s’y pressaient ! C’est Hébert, c’est le père Duchesne qui fut, en ces jours de combat direct, grossier et physique, l’interprète de la rude passion du peuple. Sa grossièreté prit un sens en s’opposant à la recherche et aux élégances de la bourgeoisie modérée dont l’insolence se déchaînait dans les sections. Il fut comme le vaste écho des propos de faubourgs qui répondaient dans les sections aux violences musquées des salons ou aux provocations d’antichambre. Il s’indigne de l’invasion des aristocrates dans les sections ; et tout en s’appliquant toujours, comme Robespierre, à rassurer la propriété, il appelle les prolétaires à une action vigoureuse contre les égoïstes bourgeois qui voudraient « leur faire manger le plâtre des murailles ».
« Les braves sans-culottes du département de l’Hérault, dit-il dans son numéro 234, voulant sauver la République, ont pris un arrêté pour faire marcher contre les rebelles tous les citoyens en état de porter les armes et pour faire payer aux riches les frais de la campagne. Presque toutes les sections ont applaudi à cet arrêté quand elles l’ont connu, et toutes l’auraient adopté si des jean-foutres n’étaient pas venus jeter le désordre. Déjà l’armée parisienne serait en présence des rebelles et les hommes du 14 juillet et du 10 août auraient écrasé les scélérats échappés à leur vengeance ; mais, foutre, tous les honnêtes gens de Lafayette ont profité des bons avis de Jérôme Pétion et comme il le leur avait recommandé dans sa lettre aux sections, ils n’ont pas manqué de se rendre aux assemblées pour en chasser les sans-culottes. Des visages inconnus, des faces à gifles, des marguilliers, des banquiers, des marchands de sucre, des bandes de foutriquets aux culottes serrées, des godelureaux frisés et parfumés, ont inondé toutes les sections. On ne s’y est plus reconnu ; chaque assemblée est devenue une véritable cohue, on n’y a plus entendu parler que de meurtre et de pillage. Égorger la Montagne, les Jacobins, le maire, le procureur, tous les magistrats, brûler les faubourgs, tels sont les complots de cette bougre de canaille.
« Des bandes de courtauds de boutique, des saute-ruisseaux d’avoués et de notaires, des garçons épiciers et limonadiers se sont rassemblés au Luxembourg avec des poignards et des pistolets, pour commencer la guerre civile. Les patriotes ont été insultés, maltraités par cette foutue canaille… Ces scélérats ont eu l’audace de s’emparer des registres, de se faire présidents et secrétaires. »
Est-ce que les patriotes se laisseront ainsi fouler ? Est-ce qu’ils tarderont à répondre à ces insolents et à reprendre l’offensive ? Est-ce qu’ils ne sauront pas faire comprendre à ces riches bourgeois, tout en les châtiant comme il