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gueil et la corruption, et le décret qui déclare l’argent une marchandise a été la source des malheurs publics, la cause unique de l’agiotage qui dévore l’empire, la cause du brigandage, des accaparements, la cause de la cherté des comestibles de toute espèce.

« Mandataires du peuple, il est temps de sauver la République. Les ennemis les plus acharnés à sa perte sont ceux qui ruinent, affament et désespèrent le peuple ; ceux qui tolèrent le crime le partagent.


Chaumette.
(D’après une estampe de la Bibliothèque Nationale.)


« Eh quoi ! pendant que nos bataillons déploient au dehors l’étendard de la vengeance nationale, souffrirez-vous plus longtemps que les femmes et les enfants de nos braves volontaires gémissent et expirent sous les coups de l’aristocratie de la fortune ? Seriez-vous encore sourds à la voix des citoyens de cette ville immense, que les amis du défunt roi, secondant la rage des émigrés et des conspirateurs, tentent de subjuguer par la famine et la misère pour se venger de leurs efforts contre sa tyrannie ? Cependant, réfléchissons-y bien, il n’y a pas de liberté sans bonnes lois ; il n’y a pas d’égalité lorsqu’une classe d’hommes affame et trahit l’autre impunément.

« Mandataires du peuple, voulez-vous donc que la France se lève toute entière ? Frappez de mort les égoïstes qui, par le monopole, tuent les citoyens que l’âge et les infirmités retiennent dans leurs foyers ; faites enfin éclater le