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On glissait si bien vers cette idée de taxer les denrées, de réglementer le commerce, que même le journal de Prudhomme, qui condamne à fond l’émeute du 25 février et qui en développe toutes les funestes conséquences politiques et économiques, suggère un contrôle du commerce et de ses bénéfices qui, en période révolutionnaire, conduisait tout droit à la taxation. Aussi bien, il admet expressément cette taxe, mais limitée, semble-t-il, aux objets pour lesquels il y avait des réclamations précises.

« Les autorités constituées auraient pu suppléer par l’activité de leurs opérations à l’inertie du corps législatif. Que ne s’abouchaient-elles avec le pouvoir exécutif à onze heures du matin, au lieu de se réunir à quatre heures après-midi, et de suite que n’allaient-elles trouver le comité de sûreté générale ? Là, combinant leurs démarches respectives, on eût pris une mesure, la seule peut-être convenable dans cette circonstance critique ; nous voulons dire une visite faite par les magistrats du peuple dans les principaux magasins et dépôts, pour se procurer sur les lieux des renseignements matériels concernant le prix des denrées, telles que le savon, la chandelle, le sucre ; les livres de commerce et les factures eussent été confrontés avec la vente au détail de ces différents objets ; une taxe, justifiée assez par l’urgence du moment, eut satisfait le peuple, et mis les gros marchands et les détailleurs, malheureusement enveloppés dans la même proscription, à l’abri des ressentiments de la multitude égarée par des meneurs de tout genre. Une proclamation, et surtout une baisse subite dans le prix des denrées le plus indispensables, nous eussent sauvé la journée du 25. »

C’est la voie grande ouverte au maximum. Et Robespierre lui-même, toujours si enveloppé, si prudent dans les questions économiques, se croyait obligé d’écrire à ses commettants, dans sa lettre sur les troubles de Paris : « Faisons des lois bienfaisantes, qui tendent à rapprocher le prix des denrées de celui de l’industrie. » Lesquelles ? Mais surtout Jacques Roux dut se réjouir, et les Enragés durent espérer, au violent écho des événements de Lyon.

À Lyon la lutte politique était plus véhémente qu’ailleurs, et plus passionnée de lutte sociale. Les Girondins, les amis de Roland semblaient encore en décembre 1792 et janvier 1793 occuper des positions dominantes. Le rolandiste Nivière-Chol, procureur-syndic de la Commune, avait été nommé maire en novembre par 5 129 voix sur 9 012 votants. De même, le Conseil général et le directoire du département semblaient en majorité girondins. Mais ces forces girondines et rolandistes étaient minées de toute part. D’abord il y avait à Lyon un fond terrible et persistant de contre-révolution. La plupart des grands marchands, des riches, effrayés presque d’emblée de l’essor que la Révolution donnait aux revendications des ouvriers, des artisans, désiraient sourdement non seulement qu’elle s’arrêtât, mais qu’elle rétrogradât. Ils avaient gardé la direction politique de la ville jusqu’en 1792, mais débordés depuis, ils boudaient et attendaient en silence une réaction. Ils étaient