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l’État par la scélératesse des factions. Cette facilité des douze annuités n’était pas pour les citoyens pauvres qui n’achetaient point le domaine : elle était pour les riches, dans les mains desquels on laissait des fonds qui nourrissaient l’agiotage. »


Encrier en faïence de Camille Desmoulins.
(D’après un document du Musée Carnavalet.)


Encore une fois, Saint-Just exagère : il dénature les intentions de ceux qui adoptèrent ce régime, et il méconnaît le service immense rendu par là à de très nombreux petits acheteurs, mais il reste vrai que les moyens d’achat, ainsi accumulés et immobilisés aux mains des riches, devaient se porter avec une sorte de violence vers toutes les denrées et matières disponibles. De là un magnifique essor d’activité, mais désordonné et âpre. Avec cette puissance d’acquisition énorme, opérant sur un marché clos qui ne pouvait guère se renouveler par l’afflux des matières étrangères, la France était comme un bassin, où il n’arrive plus d’eau du dehors, et auquel s’appliquent des pompes aspirantes d’une prodigieuse puissance.