brables domaines et les innombrables intérêts nés de la vente des biens d’Église.
Le livre de Mackintosh démontre qu’en Angleterre, à la fin de 1790, les esprits les plus calmes, les plus réfléchis, croyaient à une tranquille et heureuse évolution de la démocratie française. Ils admiraient cette prodigieuse création de papier monnaie qui se convertissait en richesse solide et en progrès substantiels ; ou plutôt, en cette richesse de papier qui s’enflait soudain, se réfléchissait un ardent et réel foyer de richesse et de vie, comme dans les vastes nuées d’or amoncelées se réfléchit la force splendide du soleil. Burke annonçait le prochain écroulement de cette architecture de nuages, et Mackintosh disait : « L’éclat de ces nuées flottantes de richesse fictive n’est que le reflet de la richesse réelle de la France, animée et enflammée par la Révolution. »
Ainsi, la Révolution emplissait l’horizon du monde d’un problème éclatant et merveilleux.
Au contraire de Burke, dont toute la sympathie va à la propriété terrienne comme à l’élément le plus stable et le plus conservateur du consortium terrien et industriel qui dirigeait l’Angleterre, Mackintosh voit dans la propriété mobilière, industrielle et financière, la force nécessaire et bienfaisante.
« L’intérêt commercial, ou intérêt d’argent, a été dans toutes les nations de l’Europe (prises en bloc) bien moins affligé de préjugés, bien plus libéral et plus intelligent que la classe des propriétaires terriens (landed gentry). Les vues des commerçants ont été élargies par de vastes relations avec l’humanité, et de là l’importante influence du commerce dans la transformation libérale du monde moderne (in liberalizing the modern world). Nous ne pouvons donc pas nous étonner que cette classe d’hommes éclairés se montre la plus ardente dans la cause de la liberté, la plus zélée pour la réforme politique. Il n’est pas étonnant que la philosophie trouve chez eux de plus dociles disciples, et la liberté des amis plus actifs que dans une aristocratie arrogante et infectée de préjugés (haughty and prejudiced aristocracy). La Révolution de 1688 produisit les mêmes effets en Angleterre. Les intérêts d’argent formèrent de beaucoup la force du whiggisme, tandis qu’en grande majorité les propriétaires terriens continuaient à être de zélés torys. »
Mais l’effet de la Révolution française en Angleterre ne doit pas se borner, dans la pensée de Mackintosh, à accroître l’influence politique et sociale de la classe industrielle, commerciale et financière, plus active et libérale que la classe terrienne. C’est l’avènement de la démocratie, c’est la tendance à l’égalité sociale et à l’égalité politique que salue l’éminent juriste. S’il approuve la Constituante d’avoir aboli les privilèges nobiliaires, les distinctions des ordres et le système féodal, c’est parce que le devoir du législateur est de travailler le plus possible à la diffusion de la propriété, ou tout au moins