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« Si, après l’examen des différentes branches de revenus nous passons à une enquête plus directe sur les sources de notre prospérité, nous devons les trouver dans une croissance correspondante de nos manufactures et de notre commerce. Les comptes que l’on fait sur les documents de la douane ne peuvent être considérés comme absolument exacts, mais ils permettent d’instituer des comparaisons à différentes périodes.

« Dans l’année 1782, la dernière année de la guerre, les importations, selon l’évaluation de la douane, se montaient à 9.174.000 livres (la livre est de 25 francs) ; elles ont graduellement monté chaque année, et elles sont en 1790 de 19.120.000 livres.

« Les exportations des manufactures anglaises forment un critérium toujours plus important et plus décisif de la prospérité commerciale. La valeur en était fixée, en 1782, à 9.919.000 l. ; dans l’année suivante elle était de 10.409.000 l. ; dans l’année 1790, elle s’est élevée à 14.921.000 l. ; et dans la dernière année (dont le compte a été établi pour les manufactures anglaises), elle était de 16.420.000 l. Si nous comprenons dans le compte les articles étrangers réexportés, l’exportation était en 1782 de 12.239.000 l. ; après la paix, elle s’est élevée, en 1783, à 15.741.000 l. ; et dans l’année 1790, elle était de 20.120.000 l. Ces documents, tels qu’ils sont (et ils sont nécessairement imparfaits) servent seulement à donner une vue du commerce étranger de ce pays. Il est plus que probable que notre commerce intérieur, qui contribue toujours plus à notre richesse, a grandi dans une proportion au moins égale. Je n’ai pas les moyens d’établir avec soin une vue comparée de nos manufactures durant la même période ; mais leur rapide progrès a été le sujet de l’observation générale, et les connaissances locales des gentlemen des différentes parties du pays, devant lesquels je parle, rendent tout détail sur ce point inutile.

« Ayant ainsi constaté l’accroissement de notre revenu et montré qu’il est accompagné d’une croissance correspondante de nos manufactures, quelles sont donc les circonstances auxquelles doivent être attribués de tels effets ?

« La réponse qui se présente la première et spontanément à l’esprit de tout homme de ce pays, c’est que toute cette prospérité provient de l’industrie et de l’énergie naturelles de la nation, mais qu’est-ce qui a rendu cette industrie et cette énergie capables d’agir avec une si particulière vigueur et de dépasser de si loin les exemples des périodes précédentes ? Les perfectionnements techniques qui ont été apportés à chaque branche de la production, et le degré où le travail a été réduit par l’invention et l’application du machinisme, ont eu incontestablement une grande part dans ces heureux effets. Nous avons vu, en outre, pendant cette période plus qu’auparavant, l’effet d’une circonstance qui a tendu principalement à élever ce pays à sa primauté commerciale. Je veux parler de ce degré particulier de crédit qui, par une double opération, donne à nos marchands des facilités additionnelles pour étendre leurs opérations au dedans, et les rend capables d’obtenir