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conditions données, est nécessaire, et, par suite, excusable, cesse-t-il par là d’être un mal ? — Non, certes. — Cesse-t-il d’être sensible à un cœur noble qui voudrait voir la joie tout autour de lui ? — Non, certes. — Et si cette souffrance de tes frères disparaissait au moment où cet arbre cesserait d’être tien, ce sacrifice te coûterait-il ? — Non, par Dieu, il ne me coûterait pas. — Je savais bien que ton cœur n’était pas assez étroit pour se contenter de ton seul bonheur. Oh ! c’est un bonheur pitoyable, un bonheur digne d’être pleuré, que d’être seul heureux ! Quand la vanité se mire, la sagesse rit. Mais quand l’égoïsme absorbe comme une éponge toute la vie de la création, et reste froid devant la souffrance et la mort des autres, alors le génie de l’humanité pleure, et se fait de la triste destinée humaine un voile de deuil.

Fichte.
(D’après une estampe de la Bibliothèque Nationale.)


« Oh ! songe à ce que sera pour toi le bonheur le jour où aucun visage ne sera plus l’expression de la douleur et du souci, où les pures impressions de la sensibilité se feront jour, où l’invisible correspondance de ces sentiments heureux sera comme un universel échange de sérénité ; car c’est à ce degré de bonheur que l’homme peut atteindre. Alors tu pourras garder ton arbre